Chapitre 19 - En quête d’amour

 IV - Céladopole


Chapitre 19 - En quête d’amour

De nouveau, mon regard se perd dans le ciel nocturne.

Comme toujours, aucune étoile, et ce alors que nous sommes en plein été.

Malgré le fait que je vive ici depuis un an maintenant, je ne pense pas m’être habituée à l’environnement de Céladopole.

Peut-être qu’une part de moi n’a jamais quitté Johto.


Je termine mon thé glacé puis jette la canette dans la poubelle la plus proche.

Mon regard se tourne finalement vers l'horloge au centre du parc.

Il est vingt-deux heures passé.

Plus personne ne doit être dans le bâtiment à cette heure-ci.


Après notre visite à l’École Marguerite, ce matin, moi et mes camarades en avons profité pour mettre en ordre les informations que nous avions récoltées.

Les dégâts sont présents un peu partout dans l’école, mais il y a un endroit où ceux-ci ont étés constaté à répétition chaque matin: La salle de classe 5A.

Il est donc naturel de se dire que le coupable à un lien direct avec la classe.

Et suite à notre interrogatoire, j’ai pu regrouper une petite liste de suspects, bien que je sois à peu près sûre de l’identité du réel coupable, mieux vaut prévenir que guérir.

Pour ce qui est de mes camarades, Claire, mis à part son intervention durant l’interrogatoire, ne m’as pas été d’une aide précieuse.

Il faut dire que sa fermeture d’esprit n’en fait pas une grande enquêtrice.

Chris, de son côté, a pu me donner plus d’informations après avoir examiné les dégâts causés dans l’école.

Selon elle, l'affaire est étrange.

C’est comme si le coupable avait utilisé une boule de bowling afin de la jeter contre les murs et sur le sol.

Cela confirme plus ou moins mes doutes, mais rien n’est trop sûr.


Normalement, l’enquête aurait dû s’arrêter là pour le moment, et reprendre demain avec une visite des familles des suspects.

Mais me voici, moi, Erika, présidente du conseil des élèves de l’Académie Rafflesia, actuellement en train d’escalader tant bien que mal le grillage d’une école, au beau milieu de la nuit.

C’est dans ce genre de moment que je regrette le plus le design de nos uniformes…

Peut-être aurais-je dû me changer avant de venir ?

“Hey !! Veuillez cesser tout acte de décadence sur le champ !!!”

“HAH ?!!!”

Surprise par l’intervention inattendue de la personne qui semble m’avoir attrapée la main dans le sac, je tombe en arrière, annulant ainsi toute la progression que j’avais sur ce fichu grillage.

Heureusement, ce sont mes fesses qui amortiront ma chute.

Malheureusement, celles-ci n’ont pas amorti la douleur…

J’imagine que ça aurait pu être pire.

“C’est la johtonnaise de ce matin ! Pourquoi essayait-elle d’afficher ses sous-vêtements de la sorte…?”

Je reconnais cette voix.

“Emily…Je crois qu’elle essayait d’escalader le grillage…”

“En soulevant sa jupe ?”

“Tu as déjà escaladé un grillage en portant une jupe longue ?”

L’obscurité n'aidant pas ma vision, je reconnais enfin les deux jeunes filles qui m’ont interpellé.

Ce sont les jumelles de la classe 5A: Emily et Sabrina.

Que font-elles ici à cette heure-ci ?


“Erika, c’est bien cela ? Est-ce qu’on peut savoir ce que tu cherchais à faire au juste ?”

Ça ne sert à rien de nier les faits.

De plus, aucune des deux ne fait partie de ma liste de suspects.

“Je me suis dit qu’en venant cette nuit, je pourrais attraper le coupable sur les faits.”

“Elle pense comme nous !!!”

Sabrina, maintenant son ton monotone et son regard inexpressif, répond froidement à Emily:

“Comme toi plutôt. Je continue de penser que c’est une très mauvaise idée. Ce n’est pas à nous de mener ce genre de patrouille en premier lieu.”

Me voila surprise.

Ce matin encore, ces deux filles ne semblaient pas intéressées par cette affaire.

Mais le fait est que ce sont des enfants de onze ans.

Je me relève finalement, ajustant de nouveau ma jupe.

“Rentrez chez vous. Vos parents ne seraient pas contents de vous savoir dehors à cette heure-ci.”

“Perso ça va, pour l’instant.”

Comment ça, pour l’instant ?

“Moi aussi ça va ! J’ai utilisé la technique des coussins sous les couettes afin de reproduire la forme de mon corps !!”

“Ça fonctionne vraiment ?”

“...j’espère.”









Nous parcourons désormais les couloirs de l’École Marguerite, toutes les trois, nous dirigeant en direction de la classe 5A.

J’ai bien perdu dix minutes à tenter de convaincre nos deux jumelles de rentrer chez elles, mais l’une est bien trop motivée, tandis que l’autre refuse de rentrer sans sa sœur.

Peu importe, je redoublerai de vigilance.

Lorsque je leur ai demandé pourquoi l’affaire les intéresse soudainement, Sabrina à de nouveau rejeter la faute sur Emily.

Apparemment, celle-ci en aurait marre du climat hostile en classe, et souhaiterais trouver le coupable afin de conclure cette affaire sur une note paisible.

Heureusement, une des fenêtres du rez-de chaussée ne ferme plus depuis qu’elle à été victime d’un coup du vandale.

Cela nous a permis de nous introduire sans trop de difficulté.

Et alors que nous évoluons dans les ténèbres du bâtiment, je ressens mon cœur qui se resserre.

Serait-ce de la peur ?

Non.

Cette sensation témoigne d’un sentiment que je n’ai pas souvent l’occasion de ressentir: de l’excitation.

Mais il faut que je garde l’esprit clair.

Je dois à la fois protéger ces enfants, mais aussi faire en sorte de retrouver le coupable sans qu’elles ne s’en rende compte–

“AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA”

U..Un cri ?!

“C..C’était quoi ça ?!!”

“Un cri.”

Merci Sabrina, nous voila maintenant informées.

“Emily ? Il est encore temps de rentrer tu sais…”

“N..N..NON !!! Le cri venait du dernier étage, on devrait encore être en sécurité…pas vrai ?”

Sa logique ne fait aucun sens…

Je décide alors de poser lourdement mes mains sur les épaules d’Emily, affaiblissant le peu de courage qui lui reste.

“Pense un peu à ta sœur…Elle court peut-être un grave danger en restant ici.”

“M..Ma quoi…?”

La peur lui fait complètement perdre la raison.

Je me tourne alors vers Sabrina, qui comprend à mon regard que la situation est peut-être plus dangereuse que prévu.

Celle-ci soupire puis attrape la main de sa sœur.

“Emily…partons d’ici…”

“T..Tu as peur ?!”

“J’ai joué a suffisamment de jeux d’horreur pour savoir où va nous mener cette histoire.”










Après avoir convaincu Sabrina, qui elle même à convaincu Emily de partir, me voici à présent au dernier étage de l’école.

Cet étage est normalement réservé aux salles spéciales comme celles de science, d’informatique ou la bibliothèque.

Mais alors que je déambule dans le couloir, une pièce en particulier attire mon attention.

Les toilettes.

Il s’agit du seul endroit avec la lumière allumée (qui de plus clignote, pour ne rien arranger à l’ambiance).

Mon instinct me dit que le cri de tout à l'heure venait de là.

Chaque pas qui me sépare de mon objectif est plus difficile à parcourir que le précédent.

Est-ce réellement une bonne idée d’être venue enquêter seule en pleine nuit ?

Et si quelqu’un m'agressAAAAAAAAAAAH— !!!!

Je me retourne précipitamment, hurlant à plein poumons !

Q..Quelqu’un vient de m’attraper le bras !!!



..

“E..Emily…?”

La jeune fille me tient le bras, toute tremblante, ses yeux remplis de larmes mais étant trop effrayée pour crier ou pleurer.

“Tu m’as fait peur…q..qu’est-ce que tu fais encore ici ?”

“J..J'ai..J’avais peur qu’un fantôme ne te force à te pendre dans les toilettes…”

Qu’est ce que Sabrina à été lui raconter…?

Comment je fais maintenant ? Mon cri à dû résonner dans tout le bâtiment…

“T..T’en fait pas, Erika, je vais te protéger !”

Me dis Emily, sortant un taser de son sac banane.

Comment ça se fait qu’une enfant de son âge ait ça sur elle ?!

Peu importe…

J’attrappe un balai qui traîne dans le couloir, faisant signe à Emily de ne pas faire de bruit.


Ainsi, nous reprenons notre avancée en direction des toilettes.

Ce n’est peut-être qu’une impression, mais je crois voir une ombre bouger sur le sol devant la porte.

Agrippant le manche du balais de toutes mes forces, je me prépare au combat.

Je glisse mon corps le long du mur, puis passe doucement mon visage devant l’entrée des toilettes afin d’y jeter un œil quand soudain…

Une tête me fait face.










Il m’aura fallu dix bonnes minutes pour me calmer.

Si le voisinage n’a pas encore appelé la police suite à la série de cris qu’il y a eu, cela relève du miracle.

La personne responsable des ombres ainsi que le propriétaire de la tête de tout à l'heure n’est autre que Franck, le délégué de la classe 5A.

De ce que j’ai cru comprendre, lui aussi serait ici pour enquêter et apporter une fin amicale à cette histoire.

Lorsque je lui ai demandé ce qu’il faisait dans les toilettes, il m’a dit qu’il cherchait l’origine du cri de tout à l'heure.

Me voilà tout sauf rassurée.

Bref, ne souhaitant pas rester une seconde de plus à cet étage maudit, je décide de prendre les deux enfants avec moi, et de me diriger en direction de leur salle de classe.


Aucun suspense à ce niveau là, rien n’a changé dans la pièce (à part la présence de Sabrina qui nous attendait à l’intérieur).

Ce qui veut dire que le vandale n’a pas encore agi. Mais vu le boucan qu’on a fait, il n’y a rien d’étonnant à cela.

De toute manière, j'ai prévu de rester une partie de la nuit ici, à attendre que le coupable ne se montre.

Je laisse donc Emily et Franck fouiller la pièce à la recherche d’indices, attendant avec Sabrina (qui ne semble toujours pas intéressée par l’affaire) qu’ils se fatiguent et rentrent chez eux.

Évidemment, ils ne trouvent rien d'intéressant lié à l’affaire en cours.

Franck sera le premier à abandonner.

“Je rentre chez moi. De toute façon vous avez tout gâchés avec vos cris.”

Et il n’a pas totalement tort…

“C’est l'hôpital qui se fout de la charité.”

“Hein ?”

Nous-nous tournons tous vers Sabrina.

Son regard écarlate perce l’obscurité de la pièce.

“Tu as été le premier à crier, Franck.”

Oh, ce n’est que ça.

“Ce n’étais pas lui, il a juste eu le même réflexe que nous en inspectant les toilettes.”

“Avec tout le respect que je te dois, Erika, je te prierais de ne pas insulter mon intellect.”

Ha ?

Est-ce qu’une gamine de onze piges vient tout juste de me prendre de haut ?

“La voix que nous avons entendus, celle du premier cri, était celle de Franck, à 100%”

“T’as pas entendu ce qu’a dit Erika ?! Je n’étais pas au dernier étage à ce moment-là !!”

“Tu as des preuves de cela ? Jusqu’aux dernières nouvelles, Erika n’est témoin de rien dans cette histoire. Sa parole n’a aucune valeur.”

Ce qu’elle dit fait du sens…mais chaque mot qui sort de sa bouche me tape plus sur les nerfs que le précédent.

Emily se tourne alors vers Franck à son tour.

“Tu étais ou quand il y a eu le cri, alors ?”

Le garçon semble réfléchir un court instant avant de répondre:

“A..Au deuxième étage.”

“Tu es coupable, Franck.”

Sabrina…Cette gamine est réellement terrifiante.

“Coupable de quoi ?! Je n’ai pas crié, et quand bien même ce serait le cas, cela ne fait pas de moi le coupable de cette histoire, si ?!!”

“Si.”

La situation dégénère ou je rêve…?

“Franck…T’as pas besoin d’avoir peur si c’est toi. On est prêt à t'écouter et même à garder le secret s’il le faut !”

Emily se rapproche de Franck, cherchant à le rassurer.

“PUISQUE JE VOUS DIS QUE CE N’EST PAS MOI !!!”

Mais le garçon la repousse brutalement, la bousculant contre les casiers.

“A..AH ! D..Désolé Emi-”

Soudain, Sabrina se lève de sa chaise, faisant face au jeune homme, quasiment nez-à-nez.

Son corps semble toujours aussi détendu, mais son regard me fait froid dans le dos.

“Tu viens de signer ton arrêt de mort la…”

“Ok !! On se calme tous !!!”

Je décide moi-même de les séparer, après m’être assuré qu’Emily n’avait rien.

“Franck, pour le bien de tout le monde dans cette pièce, répond au moins à cette question: Depuis quelle heure es-tu présent dans l’école ?”

“...ok…vingt-deux heures à peu près…”

Mes yeux se tournent alors vers Sabrina.

Elle comprend dans mon regard que je suis arrivée à ma propre conclusion.

Franck nous ment.

Contrairement à ce que Sabrina semble affirmer, je ne pense pas que cela l'incrimine forcément, mais je suis désormais sûre qu’il nous cache quelque chose, et que c’est lié aux toilettes du dernier étage.

“Retournons voir les toilettes.”

“HAH ?!!”










Cette fois-ci, Sabrina décide de venir, contrairement à sa sœur qui à souhaité “enquêter” au rez-de-chaussée.

Pauvre Emily…

J’aurais préféré ne pas la laisser seule, mais il y a des chances pour que Franck soit le vandale que nous cherchons.

D’ailleurs, bien qu’il ne semblait pas pour l’idée de retourner au dernier étage, le jeune délégué n’a pas hésité une seconde à nous suivre.

De base, inspecter des toilettes publiques n’est pas une tâche agréable.

Et laissez-moi vous dire que le faire seule avec deux gamins qui vous observent ne rend en rien la tâche plus noble.

À la limite, que Franck ne m’aide pas je peux comprendre, vu que le but est de trouver des éléments incriminants à son encontre.

Mais Sabrina n’a aucunement participé à l’enquête depuis le début de la soirée.

Si on oublie ses accusations de tout à l'heure, bien sûr.

Entre ça et son air supérieur, je commence peu à peu à sentir mon sang bouillir dans mes veines.

Je ne veux pas créer plus de drame, mais il serait peut-être temps que je m’impose en tant qu’adulte.

Je me tourne donc vers la jeune fille, me préparant à lui dire mes quatres vérités.

“Sabrina, est-ce que tu pourrais–”


“AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHH !!! A L’AIDE !!!!”


Ma voix se stoppe net.

Ce n’est ni le premier, ni le deuxième, et certainement pas le troisième cri de la soirée non plus.

Il serait logique de penser que nous devrions être habitués maintenant.

Mais ce cri est différent des autres: il provient du rez-de-chaussée, où se trouve Emily.

La voix correspond à la sienne et un réel sentiment d’urgence s’en dégage.

“Erika. Vas voir ce qu’il se passe, vite.”

-M’ordonne Sabrina, employant son ton autoritaire.

“Tu n’as pas l’air plus inquiète que ça…C’était la voix de ta sœur, non ?”

“Hein ? …Peu importe, le temps presse.”

Saloperie…

J’aimerais vraiment lui en toucher deux mots, mais ça devra attendre !

Accompagnée de Franck, nous courons à travers les couloirs sombres de l’école, direction: le rez-de-chaussée.

Et avant même que nous n’ayons le temps de descendre les escaliers, la silhouette de la jeune fille nous coupe la priorité, fonçant tel une flèche sans regarder derrière elle.

BOUUM—

Un bruit sourd retentit, alors que la porte de la salle des profs explose en mil morceaux.

Un objet sphérique, s’apparentant à une boule de bowling, s’en extirpe, poursuivant la jeune fille.



“IL EST LA !!!” x2

Ha ?

J’ai conscience d’avoir crier en réaction, après avoir vu la boule, mais est-ce qu’il y a eu de l'écho ?

Mon visage se tourne vers Franck.

Il semble aussi surpris que moi.

Ne me dites pas que…

“Franck, attends-toi à avoir une très longue conversation quand nous aurons sauver Emily.”

Le garçon détourne le regard, n’osant pas répondre.

Je peux néanmoins ressentir de la confusion dans son comportement.

Quelque chose cloche.


Emily continue de courir en ligne droite dans le couloir principal du bâtiment, suivie de près par la sphère.

Au bout de ce couloir se trouve un cul de sac. A-t-elle l’intention de se réfugier dans une salle de classe ? Ou est-ce que la peur l’empêche de penser clairement ?

Une réponse s’offre rapidement à moi.

Il existe une fenêtre défectueuse, au rez-de-chaussée, qui n’est pas fermée, et qui, donc, offre un passage sur l’extérieur.

Nous avions justement utilisé ce passage pour entrer, et Emily s’en sert désormais pour sortir !

Ayant quitté les murs de l’école, et pensant être saine et sauve, la jeune fille se laisse tomber à genoux, reprenant son souffle.

Mais après avoir exploser une porte en bois tout à l'heure, il était désormais temps pour la boule de traverser un mur en béton…

“RAAAAAH MAIS STOOOOOP !!!!”

Criant au désespoir, Emily s’empresse de se relever, reprenant son sprint, conservant une distance entre elle et son assaillant.

Je ne sais pas comment elle fait. Avec Franck nous avons beaucoup de mal à les rattraper…

Le moin qu’on puisse dire, c’est que cette fille court super vite.


Nous arrivons enfin dehors, à bout de souffle.

“On est en train de se fatiguer pour rien… Il nous faut un plan…”

“Tout est de ma faute…désolé.”

“Ce n’est pas le moment, là.”

“J’ai trouvé ce drone un jour en rentrant de l’école, et j’ai tout de suite compris le potentiel qu’il renfermait…”

Est-ce qu’il comprend ce que je lui dis ?

“Ma mère n’aurait jamais accepté que je le ramène à la maison, je l’ai donc caché dans les toilettes de l’école…”

Ne me fais pas ton discours de “méchant pris la main dans le sac” !

“Écoute, Franck, on aura tout le temps du monde pour en parler plus tard-”

“Je pensais qu’en apportant un drone capable d’aider la classe, tout le monde me verrait comme un héros ! Je voulais devenir celui qui rassemblerais tous les groupes sous une seule et même bannière !!”

Je vais juste le laisser parler et réfléchir à un plan toute seule…

“Mon père est hoen, et lorsque Kanto est entré en guerre contre Johto, il à fuit la conscription et s’est réfugié dans son pays d’origine. Tout le monde le traite de plein de choses horribles, et même ma mère lui en veux !”

Attends, il me raconte sa vie maintenant ? Je suis en train d’assister à l’origin story du vilain de l’histoire ?!

“Personnellement…je suis content qu’il ait fui…qu’il ait choisi de rester en vie. Mais personne n’est d’accord avec moi, et tout le monde me reproche les fautes de mon père, alors qu’il n’a rien fait de mal !!!”

“Tu as raison, Franck, ton père n’a rien fait de mal.”

Sabrina ?!

Elle nous a enfin rejoint ! En marchant cependant…

“Mais cela n’explique pas la situation dans laquelle nous-nous trouvons actuellement.”

“Ah…désolé. Je me rendais à l’école en cachette tous les soirs pour tenter de faire fonctionner ce drone, afin d’unir la classe autour de lui, mais les choses ne se sont pas passées comme prévues…”

“Laisse-moi deviner: tu as bidouillé un drone sans rien y connaitre, et maintenant il est totalement incontrôlable ?”

“C..C’est ça…”

Pourquoi est-ce qu’il écoute Sabrina et pas moi ?

Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ?

Et pourquoi les dégâts n’ont lieu que durant la nuit ?

“Mais les dégâts n’ont jamais lieu durant la journée.”

Depuis quand elle fait dans la télépathie ?!

“Oui, je finissais toujours par l’attraper et l’éteindre manuellement.”

“Et tu n’en as jamais parlé à personne ? Sans mentionner le fait que tu recommençais chaque soir.”

“O..Oui… Quand j’ai vu que l’affaire prenait de l'ampleur, et que personne ne parvenait à trouver le coupable malgré tous les efforts mis en place… J..Je…”

Je prend finalement la parole:

“Tu as pris goût à l'adrénaline. La sensation de danger et l’amour du risque t’ont poussé à continuer, malgré le fait que tu savais pertinemment que tu pourrais jamais contrôler ce drone.”

Je comprends ce sentiment.

La vie peut être si déprimante parfois.

Sabrina et Franck me fixent longuement, avant que la jeune fille ne reprenne la parole.

“Je vois. Donc tu t’es écarté de ton but initial.”

Franck acquiesce, baissant la tête de honte.

On peut lire dans son regard qu’il est probablement au bord des larmes.

“Dans tous les cas, ton plan était voué à l’échec. Quand bien même tu aurais fait fonctionner ce drone, la classe ne se serait jamais unie sous une seule et même bannière.”

“Hah…?”

“Nous ne sommes pas une famille, Franck. Nous ne sommes même pas amis. Et personne n’a l’intention de faire le moindre effort dans cette direction.”

Oh non, Sabrina repasse en mode cruelle.

D’ailleurs, on oublie pas quelque chose la ?

“Beaucoup de gens ont perdu leur famille, surtout suite à la guerre. Et rien ni personne ne pourra les remplacer. Cependant, ce n’est pas ton cas, Franck.”

“J..Je ne voulais pas…”

“Bref. Tes problèmes de famille ne vous regardent que vous. Et si un jour tu en as marre de chercher à unir des gens qui ne sont pas compatibles entre eux, Emily et moi sommes toujours prêtes à affronter de nouveaux decks.”

“Sabrina…”

E..Emily !!!

C’est elle qu’on oublie depuis tout à l’heure !!!


Dans la direction opposée à celle dans laquelle elle s’est enfuie, soudain, Emily ressurgit.

Elle a fait le tour de l’école…

Et le drone la poursuit toujours en roulant tel une boule de bowling.

“C’est bon, j’ai un plan.”

Sabrina, semblant avoir un plan, se dresse face à sa sœur, tendant sa main en avant.

Qu’est-ce que..?!

…qu’est-ce qu’elle fout…?

Bien évidemment, rien ne se produit.

Emily nous passe de nouveau à côté, poursuivie par le drone.

“Sabrina…Toi aussi, tu es une fan de magical girls…?”

“...”

La jeune fille baisse la tête, ne souhaitant pas répondre à ma question.

P..Peu importe.

J’ai comme l’impression qu’Emily atteint sa limite, elle semble bien plus lente que tout a l’heure et son visage est totalement couvert de sueur.

“Franck, comment faisais-tu pour l’attraper ?”

“I..Il finissait toujours par se calmer à un moment donné, mais là c'est totalement différent…”

Effectivement, il semble obsédé par notre jeune amie.

Si seulement on pouvait lui tendre un piège ou quoi…mais vu l’état dans lequel se trouve Emily, je doute qu’on ait le temps !

“H..HAH…!!”

Oh non !!

Elle vient de trébucher !!!

“EMILY !!!”

Alors que je criais le nom de la jeune fille par réflexe, un bruit de moteur se mit à résonner autour de nous.

Ça…vient d’en haut ?!!

En levant la tête, une scène surréaliste s’offre à moi.

Une moto est en train de tomber du ciel.

Et en atterrissant, celle-ci stop le drone dans sa course, l’écrasant sous le poid de sa roue arrière.

La puissance du coup est phénoménale, et plante la sphère à quelques centimètres sous terre, en plus de la désactiver.

Nous regardons tous la scène, bouche bée, ne comprenant pas grand chose, mais étant quand même impressionnés.

Qui est la personne chevauchant cet engin ?

L’obscurité et le fait qu’elle porte un casque m’empêche de discerner quoi que ce soit.

Je décide donc de me rapprocher, demandant aux enfants de rester ou ils sont.


Emily se trouve encore au sol, en état de choc, tandis que le motard la fixe.

Peut-être est-il en train de lui parler ?

“Euh…b..bonsoir ?”

Sa tête se tourne vers moi, mais une fois de plus, à part mon reflet dans la visière de son casque, aucun retour ne me parvient.

Puis Emily se redresse enfin, à bout de souffle (et au bord des larmes).

“A..AZUL !!!”



“...idiote…”

Hein ?

Azul ?









Commentaires