IV - Céladopole
Chapitre 18 - En quête d’innocence
Vendredi 15 Août 161EH.
Aujourd’hui, comme hier et comme le jour d’avant…nous commençons la journée dans une salle de classe dévastée.
Mon nom est Franck, et je suis le délégué de la classe 5A.
Ce titre me rend responsable du bien-être de mes camarades.
Donc, je suis en partie responsable des incidents répétés dont nous souffrons depuis le début de la semaine.
Un bon délégué aurait déjà trouvé une solution plutôt que de laisser la situation traîner sur la durée.
En plus, pour ne rien arranger, des filles de l’Académie Rafflesia nous ont rendu visite ce matin afin de reprendre l’enquête.
Déjà que l’intervention de la police me faisait bouillir de l’intérieur, maintenant ce sont des lycéennes qui nous prennent de haut…
En fait, il faudrait que je clôture cette affaire aujourd’hui, car quelque chose me dit que l’enquête passera à la vitesse supérieure ce week-end, et après ça, je ne pourrais plus rien faire pour personne.
Mais j’ai déjà tout tenté, qu’est-ce qu’un gamin de onze ans pourrait faire de plus…?
“Franck !!! L’heure est grave !!”
“Michel ?”
“Il faut qu’on trouve le coupable aujourd’hui, avant que ces filles de l’Académie Rafflesia ne-”
Il dit ça maintenant, alors qu’il leur à fait un rapport complet ce matin…
“Laisse tomber, on a déjà tout essayé… Mieux vaut laisser les adultes s’occuper de ça.”
Juste après avoir terminé de ponctuer ma phrase, c’est au tour de Michel de me ponctuer la figure d’un coup aussi mou qu’une pichenette.
“Ressaisis-toi, Franck !!! Tu es le pilier de notre classe, si tu baisses les bras, alors nous serons tous condamnés !!”
“J..Je sais mais-”
Avant que je n’ait le temps de répondre, un nouveau coup de poing, cette fois-ci d’une puissance phénoménale, part en direction du visage de Michel.
“Quiconque s’en prend à Franck doit d’abord me passer sur le corps !!!”
Le garçon qui vient d'assommer Michel, c’est Antoine.
Il dit vouloir me protéger, mais en réalité il est comme ça avec tout le monde.
J’ai beau être le délégué, aux yeux de la classe, Antoine est probablement un meilleur pilier que moi.
“ANTOINE !!! AU NOM DE L’AMITIÉ ET DE LA JUSTICE, JE TE DÉFIS EN DUEL !!!”
“Emily… C’est encore ton tour.”
“Oh…”
Emily et Sabrina.
L’une est obsédée par les magical girls depuis qu’elle a vu aux infos qu’il y en aurait à Johto.
L’autre est plus calme et réservée. Elle sert de frein à la première lorsqu’elle commence à dérailler.
Comme à chaque intervalle, nos deux amies sont dans leur coin en train de jouer aux cartes.
La réalité, c’est que j’aurais bien aimé me joindre à leur groupe et sortir mon deck également, mais en tant que délégué je ne peux favoriser un élève plutôt qu’un autre.
“Tu as raison, Franck. Il vaut mieux laisser les adultes régler ce problème.”
“Antoine… Ne t’en fais pas. Je n’abandonnerais pas la classe !”
“Non, sérieux, je ne la sens pas cette histoire.”
Une fois de plus, la voix d’un de nos camarades vient nous interrompre.
“Aujourd’hui c’était la fois de trop !!! Quand je trouverais le connard qui a fait ça, je vous jure qu’il finira sa journée à l’hosto !!”
“Calme-toi, Carlos, on sait que c’est pas toi.”
“TOUTE LA CLASSE PENSE JUSTEMENT QUE C’EST MOI, PUTAIN !!!”
Le groupe de Carlos…
C’est vrai que, si on souffre tous de cette situation, ce n’est toujours pas comparable à lui.
Depuis le début de cette affaire, il enchaîne les fausses accusations, et seul moi et son groupe nous sommes prononcés pour le défendre.
“On n’a qu’à demander à la plus intelligente de la classe: Sam, tu penses que c’est qui ?”
Philippe…toujours aussi subtile celui-la.
“Je ne suis pas la plus intelligente. Et je ne vais pas pointer quelqu’un du doigt, ça ne se fait pas.”
“Mais il faut bien qu’on trouve qui fait ça !!”
“Les adultes s’en occupent. Et puis, de toute façon, vous comptez faire quoi quand on aura l’info ? Tabasser le coupable ? Grandissez un peu.”
“Les adultes ? J'espère que tu ne parles pas de la johtonnaise de tout à l'heure. Ces salopards ont tué plein de kantonniens et maintenant ils viennent dans NOTRE capitale pour nous prendre de haut !!!”
Je perds finalement patience, et décide de me joindre à leur conversation.
“Ça suffit !!! Je comprends ce que tu ressens, Philippe, mais pense un peu à ce que les johtonnais ressentent, eux, après ce que Kanto leur a fait subir !”
“Franck… Qu’est-ce que tu y comprends, toi ?! Ton père n’est pas mort à la guerre, il n’y a même pas participé !! Vous, les étrangers, ça vous arrange bien de venir vivre dans notre pays, mais quand il s'agit de prendre les armes pour nous aider il n’y a plus personne !!!”
…
“C’est vrai ça, t’es toujours là à jouer les héros, Franck, mais personne n’a besoin de ton aide ici. Tout comme personne n’a eu besoin de ton lâche de père quand Kanto à remporté la guerre.”
Thoma aussi s’y met…
Ça fait mal…mais ils n’ont pas tort.
Ma famille est originaire d’Hoenn, et bien que nous vivons à Kanto depuis cinq ans maintenant, je n’ai jamais cessé d’être traité comme un étrangé.
Le fait que mon père ait décidé de rentrer dans son pays natal afin d’éviter la conscription n’a pas aidé.
“Si ça se trouve, c’est toi le coupable depuis le début.”
“Hah ?!”
“Tu fais genre d’enquêter et prends même la défense d’une cible facile comme Carlos, mais si ça se trouve c’est juste une stratégie pour éloigner tout soupçon de TA PERSONNE.”
Antoine s'apprête à reprendre ma défense par la force, quand quelqu’un l'empêche en attrapant Thoma par le col avant qu’il n’ait le temps d’arriver auprès de nous.
Il s’agit de Carlos.
“Ça fait un bout de temps que je me dis que le coupable ne peut être qu’une pourriture comme toi, mais je me suis retenu pour m’éviter des soucis.”
“L..Lâche-moi !!!”
“Au final, tu sais quoi ? Coupable, pas coupable, tu quittera quand même l’école à l’arrière d’une ambulance, sale merde.”
La classe n’est habituellement pas soudée, mais, cette fois-ci, nous-nous sommes tous mis d’accord pour séparer Carlos de Thoma.
Je suis vraiment gêné, mais aussi extrêmement reconnaissant qu’il m’ait défendu.
Bien qu’au fond de moi, leurs mots continuent de résonner, me rappelant que je ne suis peut-être pas à ma place ici.
“OK, J’AI UNE ANNONCE À VOUS FAIRE !!!”
Encore Emily ?
Maintenant que j’y pense, elle et Sabrina n’ont pas réagi à l’altercation qui à eu lieu il y a un instant.
“Tu veux devenir une magical girl ? On est au courant.”
“Non, chère Antoine, j’en suis probablement déjà une sans le savoir, mais ceci est une autre affaire. Je souhaiterais vous faire part de ma défaite face à Sabrina ici présente.”
“Et qu’est-ce qu’on en a à foutre ?”
“Cette défaite m’a ouvert les yeux sur une chose très importante…”
Pourquoi est-ce qu’elle dramatise toujours autant chacune de ses interactions…
D’ailleurs, pourquoi cette défaite lui aurait ouvert les yeux, alors qu’elle perd littéralement chaque duel qu’elle livre contre Sabrina ?
“Il me manque encore quelque chose afin de pouvoir enfin déployer pleinement mes ailes, libérant ainsi ma toute puissance…”
Dit-elle en fixant le creux de sa main…ça devient gênant.
Pourquoi personne ne l’arrête ?
“Cette chose, C’EST LE POUVOIR DE L’AMITIÉ !!!”
…
“Emily… Tu te rends compte que tu as juste perdu car tu n’as pas activé ta carte au bon moment ?”
Sabrina… Les mots sont parfois des armes…
“C..C’est pas faux…Mais si les autres étais la pour m’encourrager au lieu de se disputer, je suis sûre que j’aurais trouvée la force pour te vaincre !!!”
…
..pfft…
“Franck ?”
“O..Oui…?”
“Pourquoi tu rigoles…?”
J’essayais de me retenir, mais c’est plus fort que moi.
Cette fille est une idiote, mais son efficacité pour détendre l’atmosphère est réellement remarquable.
“Hahaha !! N’empêche, Emily n’a pas tort. Cette affaire est en train de nous rendre fous.”
“Sofia à raison. Laissons les adultes s’en occuper et allons plutôt nous amuser.”
“Je continue de penser qu’on ne devrait pas laisser une johtonnaise nous prendre de haut…mais si Sam veut qu’on arrête alors je suis prêt à la suivre.”
Je viens de me souvenir de quelque chose d'important.
Ils me considèrent peut-être comme un étranger, mais si je suis à la position du délégué aujourd’hui, c’est parce qu’une majorité de mes camarades me font suffisamment confiance pour que je les représente.
C’est décidé. Je ne les décevrais pas.
Cette affaire prendra fin ce soir.
Je protégerais la classe 5A.
“Au fait, quelqu’un à vu Raphaël ?”
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