Chapitre 37 - Trahison

 V - Parmanie


Chapitre 37 - Trahison

Tandis que le Soldat d’ébène se rapproche peu à peu de notre objectif, les sanglots de notre petite kunoichi se font toujours entendre à travers les hauts-parleurs.

“Anzu…” Ember murmure, ne sachant quoi faire pour consoler sa nouvelle amie.

Je ferais mieux de lui parler avant que nous n’arrivions. Son état mental est fragile actuellement. Si je souhaite garder le contrôle sur elle, alors il ne faut pas laisser de plaie ouverte que Koga pourrait exploiter plus tard.

“Je comprends ce que tu ressens, Anzu. Mais tu dois avoir confiance en Natsu. Il nous a offert cette opportunité, et il serait stupide et irrespectueux de ne pas en profiter.”

“J.. Je sais… Mais c’est si soudain… Pourquoi est-ce qu’on doit se battre entre nous tout à coup ? J’ai peur de faire quelque chose de grave...”

“C’est normal que tu aies peur. Mais c’est ainsi que la vie est faite. De tournants inattendus. Je préfère te prévenir tout de suite, ce ne sera probablement pas la dernière fois que tu auras à faire des choix difficiles.”

Pendant de longues secondes, seul le bruit des réacteurs de l’Eevolv se font entendre. Mais alors que nous survolons enfin l’île centrale, Ember se décide à briser le silence.

“Nous sommes là, avec toi !”

Ces simples mots suffisent à redonner des forces à la jeune kunoichi, qui murmure le nom de son amie en retour.

Je vois. Il semblerait qu’Ember soit meilleure que moi pour ce genre de choses. Je ferais bien d’en prendre note.

“Tant que nous serons debout, ne pense pas un seul instant à abandonner.”

“Merci tous les deux…”


Notre robot se pose lourdement sur le sol en face du portail principal du manoir. Devant celui-ci, nous attendant accompagné de plusieurs hommes en armure de combat, se tient l’un des gardes exclusifs de Koga. Le ninja à l’armure dorée.

Bondissant de la main de l’Eevolv noir d’Anzu, j’atteris également sur le sol, face à nos « hôtes ». Ember me rejoint rapidement en quittant le cockpit. Cela peut paraître irraisonnable à première vue, mais il sera difficile pour elle d'appeler son Proto-Vyzard en cas de besoin si elle reste à l’intérieur d’un autre Soldat.

“Koga vous attend. Suivez-moi.” Nous informe le ninja doré, après de longues secondes à nous observer.

Discrètement, je fais signe à Ember de rapprocher son mecha du village. Je doute que nous risquions quoi que ce soit. L’attention des mercenaires est concentrée sur ce qu’il se passe ici, et ils comptent probablement sur la présence du major dans la forêt afin de gérer les potentiels intrus.

Anzu nous rejoint également, quittant le cockpit de l’Eevolv. Le mecha est équipé d’un système de sécurité qui devrait la prévenir en cas de soucis.

Et ainsi, nous suivons nos ennemies jusqu’à la cour centrale du manoir, au cœur du jardin johtonnais.


Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y a aucun piège, que ce soit sur le chemin ou à notre destination. Juste Koga. Entouré de ses hommes et accompagné du ninja vêtu d’une armure d’argent.

Au bout de sa lame, se trouve ce que j’imagine être sa femme. Celle-ci se tient à genou, un air terrifié sur son visage.

Autour de nous, plusieurs cadavres gisent dans leur propre sang. Ce sont probablement les fidèles de Madoka Kimono. En les voyant, Anzu se met à trembler de plus en plus, mais Ember, qui semble plus calme, étonnement, la rassure en serrant sa main dans les siennes.

Nous voyant arriver, le regard du chef du clan Fuschia se lève dans notre direction. Celui-ci semble toujours aussi sombre et sévère.

“Te voilà enfin. Et je vois que tu as amené ma fille ainsi que cette gamine avec toi. Où est Erika Kimono ?”

Madoka lève les yeux à son tour, et son expression de terreur s'amplifie en voyant que sa fille est avec nous. Cependant, le poids d’une lame au-dessus de son cou l’empêche de s’exprimer, semblerait-il.

Je décide de l’ignorer pour le moment et concentrer mon attention sur son mari, qui est clairement notre priorité actuellement.

“Vu la tendance qu’ont les quarantenaires de ce pays à attaquer des johtonnaises, j’ai préféré ne pas tenter le diable.”

Son expression ne change pas. Et pas un rire ne sort de ses lèvres. Je suppose que ma blague était de mauvais goût ?

“Si tu fais référence à Giovanni, je te rassure, je ne travaille pas avec ces gens.” Répond-il, toujours aussi blasé.

Je me doute bien qu’il ne soit pas de mèche avec la Team Rocket. Cette affaire ne concerne que Koga. Et son égoïsme est sur le point de détruire ce village, ce clan, et peut-être même d’autres kantonniens innocents si la situation venait à déborder.

“Peu importe. Le fait est que Kanto n’a pas besoin d’une nouvelle guerre.”

“Tu te bats pour ce pays, maintenant ?” Demande-t-il, d’un ton moqueur.

“Je me bats pour mes propres intérêts. Et la sécurité de ceux que j’aime en fait partie.”

Ses yeux se ferment doucement, comme s’il ne souhaitait pas voir mon visage afin de me répondre.

“Tu n’es pas enchaîné par des principes stupides. Je respecte cette part de toi. Si seulement tu n’étais pas Azul Leeves, alors peut-être aurions-nous pu nous entendre.”

Sur ces derniers mots, ses yeux se rouvrent dans son expression de haine habituelle.

“Non. Même avec un autre nom, je ne me serais jamais associé à quelqu’un comme vous.” Je lui réponds, dans un ton plus froid cette fois-ci.

Baissant la tête afin de dissimuler son visage lors d’un rire un peu trop long, Koga reprend la parole.

“Et pourtant, tu es suffisamment stupide pour t’associer au clan Kimono. Connais-tu vraiment cette organisation ? Sais-tu qui elles sont réellement ?”

J’aimerais dire que oui et souligner le fait qu’elles nous ont fait porter le chapeau à moi et mon père lorsque ma mère est morte, mais ce n’est franchement pas le moment de lui donner raison.

“Le clan Kimono est un fléau. Pour elles, les humains ne sont que des outils.” Continue-t-il. “Sais-tu combien de personnes ont tout perdu à cause d’elles ? Combien d’hommes et de femmes au grand potentiel ont été supprimés, car ils ont refusé de suivre leurs règles ?”

Le regard de Koga se tourne alors en direction de sa femme, tandis qu’il lève son sabre en l’air, visiblement près à la décapiter. Madoka ferme les yeux de peur, des larmes coulant le long de ses joues.

“Tout comme toi, Azul Leeves, j’ai pris la décision, aujourd’hui, d’arrêter de fuir. Je ne les laisserais plus nous contrôler !!!”

Merde… Il faut que j’utilise mon ar—

“NON ! PÈRE !!!”

La lame de Koga se stoppe net, à mi-chemin, en entendant la voix de sa fille.

“Anzu… As-tu l’intention de trahir ton clan, toi aussi ?”

Tremblante et au bord des larmes, la jeune kunoichi s’avance de deux pas avant de répondre à son père.

“J.. Je ne trahirais pas le clan… Mais je ne veux pas vous perdre ! Ni vous, ni ma mère !!”

L’expression du maître du clan Fuschia vire peu à peu de la haine au dégoût.

“Tu me déçois. Tout à propos de toi est une déception. Ton apparence. Tes origines. Le fait que tu sois à la fois faible et stupide. Tu représentes tout ce que je déteste le plus sur Terre.”

Alors même sa fille ne déroge pas à la règle ? La rancune de ce type le rend bien plus injuste que ce que j’imaginais à la base.

Mais malgré ses larmes et sa difficulté à s’exprimer, Anzu n’abandonne pas. La jeune fille fait face à ses peurs.

“Je.. Je me doutais que vous me haïssiez… Mais j’ai tout fait pour être à la hauteur de vos attentes ! Je m'entraîne tous les jours !! Je n’ai jamais remis en question vos ordres, même lorsque je ne vous voyais ni vous, ni ma mère, ce durant plusieurs mois !!!”

Reprenant difficilement son souffle entre deux sanglots, la jeune kunoichi continue. “J.. J’ai même appris à piloter le Soldat que vous aviez gardé pour moi ! Qu’est-ce que je suis censée faire de plus…?”

“Rien. Peu importe tes efforts, Anzu, je ne pourrais jamais t’aimer.”

Les mots de Koga sont d’une violence inédite pour sa fille, dont le regard se vide peu à peu. Ses épaules tombant dans un désespoir sans précédent.

Ember, qui se tenait sagement en retrait jusqu’à présent, perd patience. Elle s'apprête à lancer son fameux répertoire d’insultes au visage du ninja, mais je ne lui laisse pas le temps.

Tremblant de rage, je hurle le nom de Koga d’une voix remplie de haine.

“KOGA !!! Je vous défie en duel !!”

Tous les regards se tournent vers moi. Celui de Madoka s’illumine, tandis que celui d’Anzu est toujours aussi triste. Ember, quant à elle, semble plus excitée que d’habitude. Même l’homme en armure d’argent semble inexplicablement agité par ma proposition.

Le chef du clan ninja se met alors à frémir d’excitation à son tour. Comme je le pensais, il n'attendait que ça.

“Un duel…? Et pourquoi est-ce que j’accepterais ?”

“Car contrairement à ce que vous venez de dire à votre fille, ce n’est pas elle qui représente ce que vous détestez le plus sur Terre. Pour reprendre vos mots, malheureusement, je suis Azul Leeves. Fils de Bruno Leeves et Hitomi Kimono.”

N’attendant pas une seconde de plus, Koga pousse sa femme d’un coup de pied avant de s’approcher de moi, se balançant de gauche à droite comme une bête contenant sa soif de sang.

Cela confirme donc ma théorie. Sa haine envers la famille Leeves ainsi que le clan Kimono est directement liée à mes parents.

D’une voix grasse, le rire de Koga résonne tout autour de nous, avant qu’il ne se jette sur moi à une vitesse phénoménale. Ses mouvements sont presque inhumains.

Pivotant sur moi-même, je tente à la fois de réduire la zone possiblement vulnérable à un coup, ainsi qu'à préparer ma contre-attaque. Un coup de pied retourné en utilisant mon talon.

Mes réflexes sont les bons, mais il est bien trop rapide et finit quand même par me toucher très légèrement en dessous de la poitrine avec le bout de ses doigts. Ceux-ci tranchent le tissu de mes vêtements, créant une coupure superficielle sur ma peau.

Heureusement, ma contre-attaque fonctionne également, frappant Koga de plein fouet avec mon talon au niveau du flanc, l’envoyant valser sur plusieurs mètres. Mais avant que son corps ne rencontre un mur, celui-ci se repositionne dans les airs, atterrissant contre le mur du manoir sur la pointe des pieds.

Au-delà du fait qu’à part à la télé, je vois mal, même un ninja, se tenir debout à l’horizontale sur un mur, deux choses m’interpellent. La première étant qu’à l’impact entre mon pied et son corps, celui-ci avait l’air drôlement léger. Encore une fois, il est un ninja, donc peut-être est-il plus léger qu’il n’en paraît, justement afin de favoriser ses mouvements ?

Le deuxième détail me dérangeant concerne le moment où il a atterri sur le mur. Même avec un poids réduit, le momentum aurait dû rendre la réception plus abrupte. Or, ses pieds se sont posés sur ce mur avec la douceur d’une plume tombant au sol. Comme si quelque chose avait ralenti sa course lorsqu’il s’est repositionné.

Bref. Il faut que je m’éloigne d’Ember et des autres afin d’éviter de les mêler au combat. Ainsi, j’entame une course à travers la cour centrale, me rapprochant d’une partie annexe des jardins.

Koga se propulse depuis son mur à une vitesse toujours aussi impressionnante, me suivant sans tenter de coups bas. Cependant, même s’il accepte de jouer ce duel de manière équitable, je préfère ne pas trop m’éloigner.

Vu sa rapidité, si je ne veux pas être submergé par ses attaques, je vais devoir anticiper. Je décide donc d’entamer une esquive avant même que Koga ne me rattrape. Et comme je le pensais, sa cible était prédéterminée avant même qu’il n’arrive, car ses mains tranchent l’air où je me trouvais juste avant.

Arrivant à la partie annexe, celle-ci semble être constituée de plusieurs bassins de lotus, séparés par des arbres plutôt robustes dont je ne connais l’origine. Cet endroit sera parfait pour tester mon adversaire.

Les bassins ne sont pas profonds. L’eau ne m’arrive même pas à la moitié de mes jambes. Mais je ne vais quand même pas m’y aventurer tout de suite. Avant cela, je commence par contourner un des arbres, me servant de celui-ci comme d’un bouclier contre les attaques rapides de Koga.

Mais le ninja ne semble pas vouloir tourner autour du pot. D’un coup de bras, l'arbre est tranché en deux, s’abattant sur l’un des bassins.

“Koga ! Vous êtes à la fois stupide et immature. Votre haine contre Anzu n’a pas lieu d’être. Elle ne fait pas partie du clan Kimono, et elle n’a jamais choisi de naître de votre union avec Madoka !”

Prévoyant sa prochaine attaque, j’esquive d’avance à nouveau, sautant sur le tronc d’arbre qui me sert maintenant de plateforme sur le bassin de lotus. Une fois de plus, ma prévision était bonne.

“Il n’y a plus aucun intérêt à parler. Si tu souhaites que les choses changent, alors tu devras me tuer !” Sur ces mots de Koga, je ressens soudainement une présence au-dessus de moi.

Par réflexe, je bondis en dehors de mon tronc, évitant une attaque plongée du ninja en armure dorée. Celui-ci semble plus lourd que son maître vu la façon dont l’arbre s’est brisé sous ses pieds.

Voilà qui n’est pas très équitable pour un duel en un contre un. À moins que… Mon regard se tourne vers l’arbre tranché plus tôt alors que mes théories précédentes semblent se confirmer unes à unes.

“Nous n’avions pas l’intention de vous tuer en premier lieu. Madoka et ses fidèles souhaitent vous faire ouvrir les yeux sur vos agissements.” J’ajoute, mais à l’instant où mon regard se retourne sur l’endroit où se trouvait Koga, celui-ci n’est plus là.

Mes poils se hérissent, alors que je ressens un danger imminent… Derrière !!!

D’un mouvement rapide, j’arrête le poignet de Koga en le saisissant alors qu’il est sur le point de me frapper au niveau du cou. Et avant qu’il n’ait le temps de répondre par un autre coup, j’attrape également son bras puis le tire de toutes mes forces, l’envoyant en direction du bassin.

Pour une raison quelconque, ses bras semblent vraiment tranchants. Suffisamment pour que ma main gauche ait subi une coupure profonde.

Mais je n’ai pas le temps de m’en préoccuper. L’homme à l’armure dorée se propulse dans ma direction. Sa vitesse est moins importante, mais ses mouvements sont exactement les mêmes que Koga. Des mouvements étranges, presque inhumains.

Je bondis en arrière, évitant sa charge. En regardant à ma droite, je vois que Koga à du mal à sortir de l’eau, malgré le fait que le bassin soit peu profond. À ma gauche, au loin, le ninja argenté a pris le relais, tenant Madoka en joue en attendant la fin du duel.

Il ne sert à rien d’insister plus longtemps. Mes doutes sont presque totalement confirmés au point où nous en sommes. Je profite donc de ce moment de répit afin de dégainer l’arme que Natsu m’a dégotée plus tôt. Un flingue.

Le pointant en direction du ninja argenté, je tire.




















Je me souviendrais toute ma vie de ce jour. Nous n'étions pas encore en été, et pourtant, le soleil nous bénissait déjà de sa douce chaleur.

À l’époque, déjà, pour une raison que j’ignorais, je recevais un traitement de faveur en comparaison aux autres jeunes du village. Je ne participais à aucune mission dangereuse, et mon entraînement était moins exigeant.

Et pourtant, malgré tout cela, chaque journée se terminait avant même que le soleil ne se couche. Comme si mon corps se fatiguait pour rien.

“Jeune prince. Votre père vous appelle.”

Apparemment, ma mère recevait des membres de sa famille, originaire de Johto. Cela n’était pas si rare. Nos clans étaient proches après tout. Bien qu’à sept ans, j’étais encore trop jeune pour connaître tous les détails de cette relation.

En arrivant dans la salle où mes parents étaient censés recevoir leurs invités, je la vis pour la première fois. Cette petite fille aux longs cheveux châtains clairs, portant un kimono aux couleurs chaudes. J’ignorais pourquoi, mais mon coeur ne pouvait supporter le fait de la regarder trop longtemps. Comme si sa beauté était une chose interdite aux mortels.

“Koga. Je te présente Hitomi. Elle restera avec nous dans le village durant trois mois. Je compte sur toi pour devenir son ami.”

Son ami ?! Comment pourrais-je ?!! Le simple fait de respirer le même air qu’elle me rend terriblement nerveux !

“Bien, père.”

Je suis un idiot…


Heureusement pour moi, Hitomi était une fille pleine d’énergie, qui n'avait pas besoin d’être mise à l’aise en premier lieu. J’en avais un peu honte, mais c'était plus elle qui s’occupait de moi plutôt que l’inverse.

Elle ignorait totalement ma nonchalance, et me forçait à me dépenser le plus possible durant la journée, que ce soit en jouant ou en aidant les villageois. Elle n'a pas attendu longtemps avant que l’intégralité du village ne l’adore.

Cette fille a changé ma vie. Elle savait que pour des raisons de santé, mon corps se vidait naturellement de son énergie. Mais plutôt que de m’abandonner ou se forcer à suivre mon rythme, elle n’a jamais hésité à elle-même s’imposer à moi.

Je me suis souvent demandé pourquoi elle était aussi insistante vis-à-vis de moi. Qu’est-ce qui la poussait à me tirer vers le haut ?

Serait-ce possible qu’elle…?


Les années passèrent, et tous les ans, c'était la même chanson. Hitomi nous rendait visite pendant trois mois, puis rentrait à Johto en maintenant le même sourire et la même énergie qu’à son arrivée. Elle était comme le soleil d’été. Rayonnante, chaleureuse et intense.

Lorsque je lui demandais ce que faisait son clan, elle m’expliqua qu’il s’agissait d’un refuge pour des filles sans famille, qui sont entraînées pour devenir un jour les femmes les plus puissantes du monde.

J’étais facilement impressionnable à l’époque, et la force que dégageait Hitomi m’aidait à croire ses mots. Oui. Cette fille était déjà si puissante…

Puis, à mes dix ans, je fis la rencontre d’une autre personne qui changerait ma vie. Un garçon plus vieux d’un an, mais au corps d’un adolescent de quatorze ans. Ses muscles étaient déjà développés et son regard était extrêmement intense.

Il s’appelait Bruno. Il appartenait à la famille Leeves, une famille possédant un dojo à Safrania dont la réputation les précédait.

Nos familles étaient proches l’une de l’autre. Mais pas par intérêt, comme pour le clan Kimono. Nous étions proches, car une profonde amitié liait nos parents. Et Bruno était ici afin de s'entraîner dans le village.

“Désolé ! J’étais censé arriver une semaine plus tôt, mais je me suis perdu en route !!”

Chaque fois qu’il parlait, c’était soit en criant, soit en hurlant. Ce qui le rendait donc très fatigant et insupportable. Mais il n’était pas quelqu’un de mauvais dans le fond.

“Mais ne vous en faites pas ! Je connais la forêt par cœur maintenant !!”

Sur le coup, je pensais qu’il mentait. Mais si la vie m’a enseigné une chose importante, c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer Bruno Leeves…


Tout comme Hitomi, Bruno était obsédé par moi. Mais contrairement à elle, dont l’attention était presque mystique et impossible à comprendre avec de la logique, Bruno était beaucoup plus facile à saisir.

“Ne t’en fais pas, Koga ! Je vais faire de toi le chef le plus puissant que le clan Fuschia ait connu !!!”

Ma faiblesse le frustrait. Bruno était un garçon injuste qui imposait sa vision du monde aux autres. Et il avait décidé de faire de moi son éternel rival. À la fois, je détestais ça, et en même temps, je détestais le calme qu’il laissait derrière lui lorsqu’il rentrait à Safrania.

Inévitablement, Bruno et Hitomi ont fini par se rencontrer. Et si on pouvait croire que deux personnes avec autant d'énergie à revendre deviendraient directement amies, la réalité était toute autre.

Ils se disputaient constamment. Bruno ne pensait qu’à se battre et à s'entraîner. Tandis que Hitomi détestait la violence et préférait aider les villageois et jouer à des jeux. Et moi, j’étais au milieu de ces deux tempêtes.

Ce détail ne changea jamais, durant toutes ces années. Au final, on peut même dire que nous avons grandi ensemble en quelques sortes, même si nous ne voyons Hitomi que trois mois dans l’année.

Et plus les années passèrent, plus je devenais fort afin de combler les besoins de Bruno. Et plus mes sentiments pour Hitomi se renforçaient.

J’appris vers mes treize ans qu’un jour, je serais amené à me marier avec elle. L’idée d’un mariage arrangé me dérangeait un peu, mais j’aimais Hitomi. Et j’étais persuadé que ces sentiments étaient réciproques en voyant l’attention qu’elle me portait.

Puis un jour, lorsque j’avais dix-sept ans, ma première dispute avec elle eut lieu. Je me souviens encore de ce jour comme si c’était hier. Il était déjà six heures de l’après-midi, et mon corps était au bout de ses limites. Je pouvais perdre conscience d’un moment à l’autre. Mais Hitomi est entrée dans ma chambre en claquant la porte coulissante.

Elle n’était pas censée pouvoir venir. Surtout à cette heure-ci. Mais cette fille était inarrêtable.

“Il faut qu’on parle.”

Son ton n’a jamais été aussi sérieux. Et son regard aussi froid de colère. À bien y repenser, ce regard est le même que celui qu’arbore son fils aujourd’hui…

“Ce n’est pas le moment Hitomi… Parlons-en demain…”

“Ça ne peut pas attendre demain. Je connais ton secret, Koga.”

Plus je repoussais la fatigue, plus les vagues de douleurs parcourant mon crâne étaient intenses. Je savais que ce que disait Hitomi était grave, mais je n’avais pas la force d’y faire face.

“Koga ! Tu connais le destin de ceux qui portent le titre du Spec—”

“BON SANG HITOMI ! CE N’EST PAS LE MOMENT !!!”

D’un violent coup de poing, j’explosais la lampe de chevet posée à côté de mon lit. Cela fit sursauter la jeune fille, qui fut surprise sur le coup, mais tenta de rapidement se ressaisir.

“J.. Je ne peux pas te laisser… Si tu t’endors maintenant, la pierre…”

“Tel est mon rôle au sein du clan. Et tu ne peux rien y faire. Alors pars, maintenant.”

Au-delà de la colère, ce jour-là, je vis pour la première fois de la tristesse sur son visage. Mais elle parti. Et après cela, les choses ne furent plus les mêmes.

Les jours suivants, je fis mon possible pour lui parler. Je souhaitais m’excuser et lui expliquer ma situation. Mais elle m'évitait comme la peste.

Cet été fut le dernier qu’elle passât à Parmanie. Je ne la reverrai que trois ans plus tard, la veille de son mariage avec mon meilleur ami, Bruno.


Cela faisait trois ans que Bruno se comportait étrangement à mon égard. Comme s’il me cachait quelque chose. Si au départ, je trouvais cela étrange, les années me firent baisser ma garde. Je m’étais habitué à ses changements.

Mais Hitomi me manquait tant. Plus le temps passait et plus son absence était douloureuse. Je finis donc par envoyer des espions pour savoir comment elle allait. Je voulais m’assurer qu’aucun malheur ne lui était arrivé.

Ce que mes hommes me rapportèrent eut l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Depuis trois ans maintenant, Hitomi visitait le dojo des Leeves. Chaque année, durant trois mois.

Elle était maintenant promise à Bruno, et leur mariage devait avoir lieu cet été.

Malgré ma relation avec lui, je n’étais pas invité. Probablement un coup d’Hitomi. Bruno était trop stupide pour se dire que leur union me ferait du mal.

Je décidai quand même de rendre visite à la mariée, la veille, en quittant le village furtivement.

Nous n’étions qu’à l’aube lorsque j’interceptais la jeune femme dans l’arrière court du dojo. Il s’agissait d’un endroit tranquille, où seul un immense magnolia était planté. À cette période de l'année, quasiment toutes les fleurs de l’arbre tapissent le sol, et seul une fleur tentait vaillamment de retarder l'inévitable.

“Koga… Je savais que tu finirais par venir.”

“Je ne comprends pas. Pourquoi n’es-tu jamais revenue ? Était-ce car je suis le Spectrum ?”

Son regard fixait intensivement les fleurs à ses pieds. Elle était si belle. Encore plus que dans mes souvenirs. Je ne pouvais pas la laisser à Bruno. Je—

“Non. Tout comme toi, j’ai un rôle à accomplir. Pour cela, je dois me marier dans la famille Leeves.”

Ses mots faisaient mal, mais je m’y étais déjà préparé. Serrant mon poing, j'insistais donc.

“Je t’aime Hitomi. Et je sais que tu ressens la même chose pour moi. Si nous en parlons au clan Kimono, je suis sûr que…”

“Hah ?”

Son regard se tourna enfin vers moi. Il était à la fois naïf et cruel. Et alors qu’un vent puissant traversa la cour, emportant la pauvre fleur qui n’eut d’autres choix que de se détacher de son arbre, Hitomi me répondit.

“Excuse-moi, Koga, mais je ne suis pas amoureuse. Ni de toi, ni de Bruno.”


[Vert Feuille] Mechamon Iris - Page 4 Chapit22




“Je ne fait que remplir le rôle que le clan Kimono m’a demandé. Et ce, depuis le début.”

Mon monde s’écroulait sous mes pieds…

“Je ne dis pas que je ne t’apprécie pas. Mais je ne veux pas qu’il y ait de malentendu.”

Ma vie n’était qu’un mensonge…

“Dans tous les cas, je n’ai pas l’intention d’annuler ce mariage.”

Sur ces derniers mots, Hitomi rentra de nouveau dans le dojo, me laissant seul dans l'arrière-cour.

Je me sentais vide. Comme si elle avait brisé mon âme après avoir joué avec durant des années.










De retour au présent. Voyant Azul Leeves me pointer avec un pistolet, je tire rapidement sur les fils de ma marionnette, appelant ma poupée en armure dorée intercepter la balle.

Celle-ci s’enfonça dans sa cuirasse, mais il y avait un problème majeur. Tout le monde m’a vu bouger, et tout le monde a vu le « mystérieux ninja doré » s’envoler entre moi et mon adversaire.

“Comme je le pensais… Vous n’avez plus nulle part où vous cacher. Koga !” Crie le fils de Hitomi, son regard défiant me rappelant à nouveau celui de ses deux parents.










Bonus couleur






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