Chapitre 25 - Le Chrysanthème

 IV - Céladopole




Chapitre 25 - Le Chrysanthème



Mon nom est Claire Dolford. J’ai dix-sept ans et, tout comme Erika et Cristina, j’étudie à l’Académie Rafflesia.

Fille de Martin Dolford, un politicien kantonnien de renom ayant autrefois appartenu au parlement, ma vie toute entière se résume à cette connexion que j’ai avec la sphère politique du pays.

Enfant, déjà, mon entourage me rappelait sans cesse que j’étais une fille chanceuse, dotée d’un père exceptionnel.

Et j’étais persuadée qu’ils avaient raison. J’étais si fière de lui. Je voulais devenir une personne forte et charismatique, à l’image de cet homme qui m’a élevé avec tant d’amour et de sagesse.

Mais l’enfance n’est pas éternelle. La naïveté s’estompe alors que notre compréhension du monde s'élargit.

Évasion fiscale. Emplois fictifs. Blanchiment d’argent. Pots-de-vins. Contacts louches avec la mafia de Céladopole.

Martin Dolford est un politicien corrompu qui se fiche totalement des valeurs morales ainsi que des lois sur lesquelles notre société a été bâtie.

Cet homme est un traître. Aux yeux de Kanto, du monde, de ses prédécesseurs et de sa descendance.

C’est pourquoi je ne suivrais plus jamais son exemple. Portant mes valeurs et celles de ma patrie dans mon cœur, j’ai pris pour objectif de devenir présidente du conseil des élèves de l’Académie Rafflesia.

Il s'agit d’une des meilleures écoles du pays, à tel point qu’une grande partie des personnes influentes de Kanto y sont diplômés.

L’autonomie des élèves y est extrêmement mise en avant, et l’influence que possède le conseil sur le fonctionnement de l’académie est colossale.

Quiconque présiderait un tel établissement serait donc, naturellement, propulsé dans la vie politique une fois diplômé.

Mes adversaires étaient nombreux, mais une personne en particulier était à redouter : Erika Kimono.

Derrière ce nom absurde, se cache une orpheline, recueillie par un clan johtonnais légendaire, connu pour son influence dans tous les domaines imaginables de chaque pays du monde.

Il était donc évident que son clan la pousserait à se candidater. Mais, ce qui était moins évident, c’est la popularité que possède cette fille, ici, dans un pays sortant à peine d’une guerre face au sien.

Je voyais dans son regard que la position ne l'intéressait pas personnellement. Mais, tout comme moi, elle n'avait aucune chance face à ses propres compétences.

Ses notes sont excellentes. Son comportement est exemplaire. Elle est belle, bonne et généreuse.

Comment pourrais-je ne pas l’admirer, malgré tout ce qu’elle m’a pris…?

Ainsi, je parvins tout de même à obtenir la place de vice-présidente. Je profiterais de ces années à ses côtés afin de l’aider à devenir la femme respectable que son clan attend d’elle. Et en contrepartie, je profiterais de cette connexion pour accomplir mon rêve.

Cette mission n’est pas de tout repos. Dame Erika est de nature curieuse, et elle est incapable de lâcher prise lorsqu’une chose attire son attention.

L’une de ces « choses », par exemple, est une délinquante appartenant à notre classe, du nom de Cristina Cross.  

Je déteste cette personne. Elle représente absolument tout ce que je rejette.

Elle est vulgaire. Irresponsable. Dangereuse. Provocante. Elle se fiche des lois et monopolise toute l’attention de notre chère présidente.

Et pourtant…

…ces confrontations quotidiennes avec elle sont importantes pour moi.










Le cimetière de Céladopole.

Malgré l’existence d’un endroit comme Lavanville, certaines personnes préfèrent garder leurs proches à leurs côtés.

Tel est le cas de la famille de Chris.

Après qu’elle nous ait partagé l’histoire tragique relatant la mort de son frère, ainsi que les origines de son comportement actuel, notre délinquante de service accepta de nous emmener ici, sous la demande d’Erika.

“Tu viens souvent ici ?”

“Une fois par mois.”

“Et tu lui parles de quoi en général ?”

“Je ne parle pas aux cadavres…”

Leur conversation est toujours aussi lunaire…

“Mais venir ici me permet de ne pas l’oublier. C’est le moins que je puisse faire pour lui.”


Je laisse les deux autres filles discuter entre elles, me perdant dans mes pensées.

Depuis que nous sommes entrées dans ce cimetière, je ne cesse de voir des chrysanthèmes sur chaque tombe.

Il n’y a rien d’étonnant à cela, cette fleur est souvent associée au deuil, ce qui en fait une offrande funèbre populaire au sein de la population.

Pourtant, plus j’y pense et plus ça me dérange. Pourquoi ai-je le sentiment de toucher la vérité des bouts des doigts ?

Je m’accroupis afin d’attraper une de ces fleurs, reposant sur la tombe du défunt frère de Chris.

“Hey. Qu’est-ce qui te prend ?”

Je suis bien trop perdue dans mes pensées pour me rendre compte que mon action peut être déplacée.

Ainsi, je réponds instinctivement à la question de ma collègue, ne lâchant pas la fleur.

“Elles ne sont pas dans un pot.”

“Et alors ? C’est important ?”

“Les tiges sont cassées. Quelqu’un a dû marcher dessus.”

“Ah, merde. J’pensais pas qu’il aurait fallu un… Attends, t’as dis quoi ?”

Je tourne mon regard en direction de Chris, la regardant quelques secondes sans rien dire.

Alors il y a bien quelque chose qui cloche ? Qu’est-ce que j’ai dit, déjà ? Les tiges sont cassées, car il n’y a pas de pot…

« Quelqu’un a dû marcher dessus. »

“P.. Pourquoi quelqu’un marcherait sur une offrande ?”

“Calme-toi… à tous les coups, le vent les a emportés sur le chemin et quelqu’un a marché dessus par erreur.”

Cristina a raison. Je suis en train de prendre des raccourcis sans m’en rendre compte. Je n’ai pas l’habitude d’enquêter sur des affaires de cette ampleur. On ne devrait même pas mener cette enquête en premier lieu.

Mais alors que je me résous peu à peu à abandonner et à rentrer chez moi, dame Erika s'accroupit à son tour pour inspecter l’endroit où les fleurs étaient posées.

“Le tueur aux chrysanthèmes, hein…?”

“Maintenant que j’y pense, il y a toujours plein de chrysanthèmes dans ce putain de cimetière.”

“Hm… Chris, regarde.”

En soulevant un vieux bouquet fané posé au coin de la tombe, Erika nous révèle une sorte de poudre jaunâtre.

“Erika… On peut en parler si tu as un problème avec le curry.”

“Mais ce n’est clairement pas du curry !!! Pourquoi y aurait du curry sur une tombe ?!!”

“Je sais pas comment c’est à Johto, mais les kantonniens aiment beaucoup le curry.”

“Ce que tu dis ne fait aucun sens ! Claire !! Explique-lui, par pitié !!!”

Hein ? Elle me demande de participer à une dispute entre elle et Cristina ? Je me fais pourtant réprimander à chaque fois que je m’embrouille avec elle…

“À.. À propos du curry ? Oui… Je suppose que, en tant que kantonnienne, je sais en apprécier le goût.”

“Est-ce que le monde est à l’envers, ou c’est moi qui suis à l’envers…?”

À y regarder de plus près, la tombe n’est pas le seul endroit où on peut voir cette poudre. Il y en a si peu que c’est à peine visible.

Je partage ma découverte avec Erika, qui se rend immédiatement compte que cette étrange poudre n’est pas répartie partout dans le cimetière non plus. Elle suit un chemin en particulier.


En poursuivant la piste du curry énigmatique, nous arrivons en face d’une sorte de cabanon, au fond du cimetière.

“C’est sûrement ici qu’ils rangent les outils.”

“Donc on fait quoi maintenant ? On enquête sur le fossoyeur ?”

Alors que nous réfléchissions à la suite, Chris recula de quelques mètres. Puis, soudain, après avoir pris suffisamment d’élan, notre jeune délinquante défonce la porte du cabanon dans une charge violente mais efficace.

BOUM–


“C..Cristina ?!! Tu es complètement folle ma parole !!!”

“Ça reste plus efficace que « parler au fossoyeur ».”

Dit-elle en prenant un ton moqueur.

J’espère sincèrement que personne n’a vu ça… Je tiens à la virginité de mon casier judiciaire.

Tandis que ma vie défile sous mes yeux, Erika, qui ne semble ni choquée ni outrée, vérifie l’intérieur du cabanon.

“C’est… un accès aux souterrains ?”

Hein ? Ce n’était pas une cabane à outils ? Maintenant qu’elle le dit, il n’y a rien à l’intérieur, hormis une trappe ouverte avec une échelle descendant dans les entrailles de la terre.










Les souterrains de Céladopole.

Outre les égouts, des longues galeries datant de l'ère divine couvrent la quasi-totalité de la capitale.

Elles auraient servi aux hérétiques de l’époque, qui souhaitaient circuler librement sans risquer de recevoir le châtiment céleste.

Aujourd’hui, une grande partie de ces galeries ont été adaptées afin de construire des lignes de métro souterraines.

Mais l’accès fourni par la trappe du cimetière ne semble pas mener au métro. Il s’agit d’une portion inutilisée des galeries.

Ces couloirs sont sombres et froids. Sans parler du fait qu'on n'en voit pas le bout. Cette sensation, comme des insectes se déplaçant sous ma peau… J’ai la chair de poule.

J’observe mes deux camarades qui avancent en face de moi, leur visage illuminé par leur téléphone, qui sert également de lampe torche.

Chris semble perdue dans ses pensées, mais aucune once de peur n’est lisible sur son visage.

Du côté d’Erika, c’est une tout autre histoire. Elle est au moins aussi effrayée que moi, et ses mains tremblent alors qu’elle essaie de porter son smartphone en même temps que la pelle qu’elle a attrapée un peu plus tôt, au cimetière.

“On ne devrait vraiment pas continuer… Nous ne sommes pas équipés pour ce genre d’expédition. De plus, si le Chrysanthème est réellement ici…”

“Claire a raison, Erika. Vous devriez remonter. Je peux suivre les traces de curry toute seule.”

“Tu crois toujours que c’est du curry…? Et puis comme si on allait te laisser toute seule ! C’est encore plus dangereux !!”

“Chut…! Il y a assez d’écho ici pour qu’on nous entende à l’autre bout du tunnel…”

Alors que je pouvais sentir tout mon système digestif se tordre sur lui-même, ma lampe dévoila quelque chose de bien plus terrifiant que ce qui pourrait nous attendre dans les ténèbres de ces lieux.

Il y a une grande déchirure à l’arrière de la jupe de dame Erika… Q.. Quand est-ce qu’elle s’est fait ça ? Est-ce que quelqu’un l’a vu à part moi ?!

“Chris… Cette odeur…”

“Ouais. C’est la même que dans l’appart.”

Devrais-je le lui dire ? Est-ce le meilleur moment ? Je ne sais même pas comment on pourrait cacher une telle chose, je n’ai pas mon kit de couture sur moi…

“Dès que nous aurons suffisamment de preuves, on file parler à la police.”

“Comme quoi… Même « dame Erika » possède des limites…”

“J.. Je sais que je peux être insouciante par moment. Mais là, on parle d’un serial killer qui a déjà fait trois victimes.”

J'attendrai d’être dehors pour lui dire ! C.. Ce n’est pas le moment de la faire paniquer !!

Je détourne ma lampe du dos de notre présidente afin de lui laisser un semblant de pudeur, quand soudain, un détail me saute aux yeux.

“Les filles…regardez le sol…”

Les deux autres s’arrêtent, pointant le sol autour d’elles avec les lumières de leurs téléphones.

Cela faisait un moment qu’on avançait en ligne droite, nous avons donc cessé de chercher des traces de poudres.

“Ce sont des…”

Sous nos pieds. Partout autour de nous, éparpillées sur le sol…

“Des pétales de chrysanthèmes.”

Au même moment, alors que Chris finissait sa phrase, un bruit sourd retentit dans la galerie. Une sorte de râle étouffé, emporté dans un écho.

“On en a assez vu. Remontons à la surface !”

“O..Ok.”

Tournant sur nos talons, nous entamons une marche rapide mais discrète en direction de la sortie, qui nous aura servies d’entrée un peu plus tôt.

L’ambiance, qui n'était déjà pas terrible, est devenue carrément glauque.

Plus personne n’ose parler. Les seuls sons qui me parviennent sont ceux de mon pou qui s'accélère un peu plus à chaque instant, ainsi que les cris lointains et distordus, mais qui semblent néanmoins se rapprocher peu à peu.

On ne marche pas assez vite ! Est-ce qu’on devrait courir ? Peut-être qu’on ne nous a pas encore entendues…

Nous passons face à un embranchement menant aux égouts vu les bruits d’eau qui s’en extirpent.

La sortie est encore loin…

Mais alors que mes nerfs étaient sur le point de lâcher…

J’entends quelqu’un courir derrière-moi, partant en direction des égouts.

“C.. Chris ?!”










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J’ai merdé.

Je n’aurais jamais dû mêler Claire et Erika à tout ça.

Je me suis laissé attendrir par leur histoire d’amitié, et maintenant, voilà qu’elles sont toutes les deux en danger par ma faute.

Des cris étranges, déformés, comme venant d’un autre monde, sont audibles à travers les murs des galeries que nous parcourons depuis bientôt une heure.

J’ignore s’ils appartiennent au Chrysanthème, mais la chose à la source de ces bruits se rapproche de nous.

C’est pourquoi, à la première intersection, je décide d’abandonner mes deux amies. Courant en faisant le plus de bruit possible.

Je leur hurle d’éteindre leurs lumières, ce qu’elles semblent faire de ce que je vois alors que je m'éloigne, m'enfonçant dans un tout autre type de souterrain : les égouts de Céladopole.


Je cours. Je cours et je crie lorsque mon souffle me le permet.

C’est affreux. Mes côtes me font si mal. Et cette odeur d'œuf pourri mélangé aux effluves putrides de tout à l’heure.

Je l’entends. Il se rapproche de plus en plus. C’est presque comme s’il était à côté de moi, pourtant, je ne vois personne, alors que les égouts sont illuminés contrairement aux galeries anciennes.

Soudain, je sens quelque chose agripper ma chaussure.

Suivant les principes de l’inertie, mon corps tombe en avant, roulant sur le sol de manière nonchalante.

Putain… J’ai mal partout... Je suis sûre que mes genoux doivent pisser le sang…

Je lance un regard en direction de ma chaussure, qui, elle, n’a pas bougé d’un centimètre.

…qu…?!

QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE MERDE ?!!

Une main étrange, semblant être composée d’un liquide violacé, tient ma chaussure.

Celle-ci est attachée à une flaque s’étendant sur plus d’un mètre, mais qui se concentre peu à peu au niveau de la main afin de créer une forme.

C.. C’est un monstre…?

LE TUEUR AUX CHRYSANTHÈMES EST UN PUTAIN DE MONSTRE DEPUIS LE DÉBUT ?!

J’essaie de me relever, mais retombe instantanément dans la panique.

Comment suis-je censée me défendre contre un truc pareil ?! Et ce liquide, ce serait pas le poison qui aurait tué les anciens membres des Smogs ?

Alors que le liquide converge, un corps humain prend forme. Sa texture reste la même, composée de cette merde ressemblant à du slime.

Au niveau du cœur : un petit cristal doré expulsant des particules qui, une fois au sol, forment une petite quantité de poudre.

La créature s’avance vers moi en marchant. Sa tête n’a même pas encore pris forme, et pourtant, je peux déjà entendre ses râles.

Je recule tout en étant au sol, une chaussure en moins.  

Si cette chose touche ma peau, ce sera terminé, je pourrais rejoindre les trois autres enfoirés en enfer.


[Vert Feuille] Mechamon Iris - Page 3 Chapit10

“CHRIIIS !!!”

E…


…Erika…

Le monstre s’arrête en entendant la voix de la présidente m’appeler.

Elle est derrière lui, pelle à la main, tremblant comme une feuille alors que d’énormes gouttes de sueurs coulent le long de son visage.

À ses côtés, Claire, au bord des larmes, ne comprend certainement pas ce qu’il se passe.

Comment lui en vouloir ? Mon instinct de survie est la seule chose qui me permet encore de bouger.

“Pourquoi vous êtes venus…? VOUS ÉTIEZ CENSÉES FUIR CET ENDROIT MAUDIT !!!”

“ET TE LAISSER MOURIR ?! CERTAINEMENT PAS !!!”

Ne possédant que sa mâchoire du bas, la créature se tourne en direction des deux autres filles, avant de pousser un cri affreux.

Il s'apprête à les attaquer !!!

J.. Je ne peux pas le laisser faire !! Il me faut une idée et vite !!!!

J’observe rapidement l’endroit où nous sommes.

Il y a deux couloirs séparés par un cours d’eau. Au sol, rien à part ma pompe. Sur les murs, que des tuyaux… Et une plaque métallique rouillée, laissée à l’abandon contre la paroi.

Pas le temps de me préoccuper pour le tétanos !! La chose se jette en direction d’Erika !!!

J’attrape la plaque de métal, qui me laisse une sensation affreuse sur les doigts due à sa texture rugueuse et humide.

Sans réfléchir davantage, je cours vers le Chrysanthème, puis, utilisant mon bouclier improvisé, je me jette sur lui, l’entrainant avec moi dans le cours d’eau central.

“CHRIS, NON !!!!”

Son corps étant liquide, je pensais qu’en le foutant dans l’eau celui-ci se ferait emporter par le courant, mais c’est tout l’inverse. Son corps se déforme davantage tandis qu’il tente de m’asséner des coups.

Usant toujours de mon « bouclier », j’évite le contact entre cette chose et ma peau.

Mais je suis à court d'idées. Je ne pourrais pas retenir ses coups beaucoup plus longtemps. L’odeur, la texture de l’eau et de la rouille, toutes ces choses combinées qui me filent la gerbe et le tournis à la fois.

Sans parler de la peur. Si mon corps est actuellement sous l’emprise de l'adrénaline, je doute que cet effet ne dure une éternité.

Je… Je commence à voir flou…

Erika…

Claire…

Fuyez…

Alors que mon regard se tourne dans leur direction, je vois Claire arracher la pelle des mains de la présidente, avant de la jeter tel un harpon en direction de mon assaillant.

Celle-ci se plante dans la poitrine de la bête, mais cela n’a aucun effet sur elle.

Dommage… C’était un beau lancé…

…hm ?

À quelques centimètres de l’endroit où la pelle est plantée… Il y a ce cristal chelou.

Je vois… C’est ma seule chance !

Réunissant mes forces, je profite d’une ouverture pour lâcher la plaque métallique qui me servait de seule défense.  

J’agrippe alors fermement le manche de la pelle, puis hurlant à plein poumon, comme si j’utilisais ma propre vie comme une arme, je tire violemment en direction de ce putain de cristal qu’il a au niveau du coeur.

Le liquide constituant son corps se concentre afin de résister, mais en vain, le godet envoie valser sa pierre précieuse en direction d’un mur, contre lequel elle explosera en morceaux.



Il ne bouge plus. Seule la partie supérieure de son corps reste, partiellement fusionnée avec l’eau dans laquelle nous baignons.

Un énorme trou au niveau de sa poitrine, la chose semble utiliser ses dernières forces afin de finir, lentement, de former sa tête.

Trempée jusqu’aux os, les poumons en feu, je tente désespérément de reprendre mon souffle en observant cette chose, ne la quittant pas des yeux.

Les traits d’un visage se dessinent progressivement à la surface du liquide constituant son corps, qui semble d'ailleurs perdre peu à peu de sa couleur toxique.

Un instant… Ce visage…!

“GREGO–”

Avant que je ne puisse finir ma phrase, le corps du Chrysanthème lâche, se déversant dans les eaux.

Il n’aura pas eu le temps de terminer son visage…

…mais j’ai eu l’impression de le voir sourire lorsque je l’ai reconnu.





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