Chapitre 31 - Le village caché

 V - Parmanie


Chapitre 31 - Le village caché

Tandis que nos pas suivent ceux des mercenaires du clan Fuschia, mon esprit se met à errer dans la brume de la Forêt Spectrale.

Tout s'est enchaîné si vite depuis le combat face au Chrysanthème…

Chris et Claire ont toutes les deux disparu. Le boss de la mafia a tenté de me kidnapper, puis de me tuer en détruisant le Grand Casino de Céladopole. J’ai rejoint Azul et Ember, et ensemble, nous avons fui la capitale, avec beaucoup de mal.

Et maintenant, nous suivons des ninjas dans une forêt réputée pour être l’endroit le plus dangereux de tout Kanto…

Désolée… Chris… Claire…

Je m’en veux tellement… Vous devez être en train de vivre un véritable cauchemar à l’heure actuelle, et pourtant…

J’arrive à peine à contenir mon excitation.

Alors que mon regard défile de gauche à droite, je remarque qu’Azul semble fixer dans une direction spécifique.

“Azul ?”

“Oui. T’en fais pas, on en parlera plus tard.”

J’imagine que c’est important s’il souhaite revenir dessus plus tard.


Après presque une heure de marche dans les bois, nous arrivons enfin à destination.

“Bienvenue au village caché de Parmanie. Je ne pense pas avoir besoin de vous le rappeler, mais veuillez rester près de nous.”

Pour un village caché, on peut dire qu’il porte bien son nom, en effet… C’est littéralement un village, avec des maisons en bois, des routes en terre, des petits champs de légumes. Le tout, caché par une forêt absurdement grande, dangereuse et couverte d’un épais brouillard.

D’ailleurs, il est intéressant de noter que la brume ne semble pas affecter le village. Je me demande à quoi cela est dû.

“Je m’ennuie d’avance…”

“S’il te plaît, Ember, ne dis pas des choses comme ça…”

Nous traversons plusieurs rues, croisant toutes sortes de personnes. Des enfants jouant entre eux. Des personnes âgées discutant des derniers ragots. Des gens retapant des maisons. D’autres transportant les récoltes de la journée.

Toutes ces personnes ont l’air tout à fait lambda. Et pourtant. Par-dessus leurs vêtements d’apparence banale, ils portent tous une ou deux pièces d’armure. Et il ne fait aucun doute qu’ils cachent tous une arme sur eux.

Cet endroit est beaucoup plus excitant que ce qu’Ember semble penser.

Au centre du village, se trouve un grand bâtiment, plus imposant dans les détails apportés par ses ornements ainsi que ses jardins.

Je devine assez facilement que notre hôte se trouve là-bas. Mais celui-ci se trouvant sur un îlot au centre d’un lac, nous sommes obligés de contourner le village afin d’y accéder.

Et après trente longues minutes de défilé, entourés de personnes pour qui nous sommes probablement des aliens, nous arrivons enfin face à un pont en bois, menant directement au petit château du chef du clan Fuschia.

L'architecture me rappelle un peu celle des bâtiments d’Enju City, la ville dans laquelle j’ai grandi, à Johto.

Peut-être qu’il y a un lien entre cette architecture et leur relation avec le clan Kimono ?

Après être passé outre un jardin aux feuillages soigneusement taillés, nous entrons dans le bâtiment.

L’intérieur est aussi imposant que l’extérieur. Et si on oublie les nombreuses toiles d'araignées au plafond, tout semble extraordinairement propre.

Nous échangeons nos chaussures par des chaussons mis à disposition par nos hôtes, puis suivons nos guides à travers les couloirs de la demeure. Profitant au passage du magnifique jardin intérieur, au centre de toute la structure.

Finalement, nous arrivons face à une porte. L’un des ninjas nous accompagnant ouvre celle-ci, dévoilant une pièce assez modeste, dans un style johtonnais traditionnel.

Le sol est couvert de tatamis et des coussins plats sont posés par terre, probablement afin qu’on s'assoit dessus.

Au fond de la pièce, installé sur un coussin plus large avec un dossier et des accoudoirs, se trouve un homme au regard sombre. Si je devais deviner son âge, je dirais qu’il doit être fin de quarantaine - début de cinquantaine.

À ses côtés, deux autres ninjas, vêtues d’armures plus extravagantes comparés à ceux que nous avons vus jusqu’à présent.

L’un possède des ornements rappelant au soleil, de couleur or. L’autre, à l’inverse, semble obéir au thème de la lune, avec une armure d’argent.

Il ne faut pas être un génie pour deviner que l’homme auquel nous faisons face est de toute évidence le chef du clan. Koga.

Je ne sais pas pourquoi, mais une aura obscure semble se dégager de cette personne. Il ne réagit que très peu, et son regard fixe en direction d’Azul. Comme s’il avait de la haine contre lui.

Mon cousin, de son côté, semble mal à l’aise, mais pas spécialement surpris.

Nos guides nous demandent de nous asseoir. Nous nous exécutons, suite à quoi un long silence s’installe dans la pièce. Par respect, nous attendons que nos hôtes ouvrent le dialogue, mais Koga ne semble pas vouloir nous adresser un mot.


[Vert Feuille] Mechamon Iris - Page 3 Chapit16


Après de longues minutes dans un calme infernal, l’un d’entre nous brise le silence. Il s’agit d’Ember, incapable de retenir son bâillement.

Et dire qu’elle m’a empêché de dormir la nuit dernière, en bougeant dans tous les sens… J’ignore quel genre de rêve elle faisait, mais son bâillement procure chez moi un sentiment de haine insoupçonné.

L’homme à l’armure d’argent se racle finalement la gorge, avant d’engager la discussion avec nous.

“Vous êtes donc Azul Leeves ainsi qu’Erika Kimono, c’est bien cela ?”

“Exact.”

“Et la gamine, qui est-elle ?” , demande le ninja doré, d’un ton froid.

“C’est une orpheline que j’ai sous ma responsabilité. Elle—”

Avant que le jeune homme n’ait eu le temps de terminer sa phrase, Koga l'interrompt, dans un ton glacial et inquisiteur.

“Tu es censé être mort.”

L’ambiance n’était déjà pas folle, mais là, elle est carrément glauque…

“Vous voulez parler d’il y a deux ans ?”

Azul a fait l’effort de répondre, mais on sent dans sa voix qu’il n’aime pas le chemin que prend la discussion. Il faut dire que les sujets en rapport avec le passé ont tendance à l’énerver…

Le chef du clan Fuschia, de son côté, se contente de fixer le jeune homme sans rien dire. Son regard est toujours aussi dur, comme si le simple fait de respirer le même air que lui était un blasphème.

Finalement, le jeune Leeves décide de prendre ce silence pour un oui, et poursuit donc.

“Je me suis fait passé pour mort. Les circonstances ont fait que je n’avais pas le choix.”

“Tu as fui, donc.”

Il mettra un moment à réfléchir, mais Azul finira par répondre dans un ton de plus en plus inconfortable.

“J’imagine que oui, si vous voulez.”

“Et depuis, tu passes ta vie à fuir.”

“Où essayez-vous d’en venir…?”

Ah. Voilà, il perd enfin patience. D’un côté, le voir s'énerver alors que nous sommes entourés de personnes armées n’est pas du tout rassurant. Mais en même temps, je commence moi-même à en avoir marre.

“De manière générale, nos clients sont soit des faibles, soit des lâches, soit les deux à la fois. Ils sont incapables de résoudre leurs propres problèmes, et finissent par se tourner vers nous. Je ne fais que confirmer qu’il s’agissait bien de votre cas, également.”

Wouah… Ce type est détestable ! J’aimerais me lever et l’insulter en retour, mais—

“ESPÈCE DE SALE VIEU—”

EMBER ?!!!

Cette fille a essayé de reproduire ma pensée, sans le mais à la fin !!!

Heureusement, une des personnes qui nous ont escortés jusqu’ici la maîtrise, posant sa main sur sa bouche afin de l’empêcher de nous condamner à une mort certaine !

La jeune fille continue ses hurlements, étouffés cette fois, tout en se débattant du mieux qu’elle peut. Mais le ninja fera un signe de la tête dans notre direction avant de quitter la pièce avec elle.

Cela ne semble pas déranger Azul, au contraire. Je suppose donc qu’il ne lui fera aucun mal…

Une fois le calme revenu dans la pièce, le jeune homme souffle un coup, comme pour se calmer à son tour, puis change finalement de sujet.

“Puis-je faire ma requête, à présent ?”

Le vieux grincheux se contente de détourner le regard, totalement désintéressé. C’est l’homme à l’armure d’argent qui nous répondra à sa place.

“Je suppose que cette requête concerne Erika Kimono ?”

Ah. C’est maintenant.

Soudain, mon cœur se mit à s’emballer. J’ai laissé Azul faire la conversation jusqu’à présent, mais cette requête, c’est à moi de la formuler.

Pour Chris et Claire.

“La Team Rocket a kidnappé deux de mes amies. Cristina Cross et Claire Dolford. Nous ignorons où ils sont, mais le temps presse ! Il faut que vous nous aidiez à les sauver !!”

Oui. Cette aventure n’est pas sans but. Ces sales types de la mafia ne vont pas s’en sortir aussi… Facilement… Hah ?

Q.. Quelque chose ne va pas. Je veux dire, j’ai commencé à prendre l’habitude des retours silencieux et des coups de pression, mais l’ambiance semble avoir changée tout à coup.

Pourquoi Azul détourne le regard de la sorte ? Je ne l’ai jamais vu comme ça…

Attends… Ne me dis pas que…

“Azul Leeves. Nous attendons votre requête.”

Je sens la température de mon corps chuter alors que mes yeux ne quittent plus les lèvres du jeune homme. Redoutant ses prochains mots.

Celui-ci inspire une nouvelle bouffée d’air, avant de répondre d’une voix plus faible que d’habitude.

“J’aimerais que vous utilisiez le pont reliant le clan Fuschia au clan Kimono afin de renvoyer Erika à Johto.”



“... Quoi…?”




















Le soleil disparaît peu à peu, laissant place à un ciel de plus en plus sombre.

La journée fut longue. Très longue. Et même si j’ai pris l’habitude des jours difficiles, en enchaîner deux d'affilée reste quelque chose d'extrêmement fatigant, même pour moi.

Surtout si on prend en compte le fait que je n’ai pas dormi depuis plus de quarante-huit heures.

Nos hôtes nous ont demandé de passer la nuit au village, en attendant qu’une décision soit prise. Suite à quoi ils nous ont escortés jusqu’à une petite maison, visiblement réservée aux visiteurs.

Celle-ci n’a qu’une chambre, un toilette et une salle commune dans laquelle nous partageons actuellement notre repas, avec Ember et Erika.

Enfin, j’ai dit « partageons », mais Ember est la seule à dévorer le contenu de son assiette, comme si la nourriture lui avait fait du mal.

Elle ne comprend pas vraiment les enjeux. Sa haine est tournée envers Koga, et le village qui doit lui sembler terriblement ennuyeux.

Personnellement, je suis perplexe. Pourquoi nous faire attendre avant de fournir une réponse ? Ce type de requête devrait être directement redirigé à la personne servant de pont entre le clan Fuschia et le clan Kimono. C’est-à-dire la femme de Koga, si on suit les procédures habituelles.  

Peut-être n'était-elle pas disponible ? Mais il y a le comportement de son mari… Ce n’était pas la première fois que je le rencontrais. J’ai déjà accompagné mon père lors d’une visite, une fois, étant enfant.

Déjà à l’époque, j’étais terrifié par cet homme. Son regard traduit une haine à mon égard que je suis incapable de comprendre. À l’époque, je pensais qu’il n'aimait juste pas les enfants, mais peut-être avais-je tort…

“Azul…”

Erika m’interpelle, interrompant mon train de pensées.

“Quoi ?”

“Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé au préalable…?”

Je vois. Elle m’en veut. C’est compréhensible.

“Car tu aurais tout fait pour m'empêcher de faire cette requête.”

Son regard, semblant totalement vidé de toute énergie, se lève alors dans ma direction. Mes mots semblent avoir allumé en elle une flamme. Non. Plutôt un incendie

“Évidemment que j’aurais dit non… Je ne peux pas quitter le pays sans les avoir sauvés avant !!!”

“Tu sembles oublier que c’est toi qu’ils veulent, à la base. Qu'espères-tu accomplir en restant à Kanto ? Tu ne crois pas vraiment que Giovanni était sérieux lorsqu’il t'a proposé cet échange ?”

“J’ai compris pour l’échange, mais je refuse de fuir !! Je suis peut-être faible comparé à vous, mais je ne suis pas une lâche !!!”

…!

Les baguettes que je tenais dans ma main droite sont tombées sur la table. Les deux filles me regardent d’un air surpris, tandis que je fixe ma main.

Pourquoi tremble-t-elle ? Est-ce la fatigue ? Je suppose que j’ai poussé le bouchon un peu loin cette fois… Il faut vraiment que je dorme.

“A.. Azul… Désolée, je ne voulais pas—”

“Ne t’en fais pas. Ce n’est que la fatigue. Je comprends ce que tu ressens, mais seuls nous ne pouvons rien faire pour tes amies. Te renvoyer à Johto ne nous coûte rien, car il s'agit d’une requête en lien avec ton clan. Mais toute autre requête demanderait à ce que l'on rémunère le clan Fuschia. Pour la faire courte, nous n’avons plus un rond. Toutes nos économies ont servi pour… fuir Céladopole…”

Hah…? Qu’est-ce qui m’arrive ?

Ember finit par claquer ses mains sur la table, renversant mon verre au passage.

“NE FAIS PAS ATTENTION À CE QU’A DIT CE VIEUX CROÛTON ! IL SE FAIT PASSER POUR UN NINJA TROP MYSTÉRIEUX, MAIS J’SUIS SÛRE QU’IL EST HYPER MEGA FAIBLE !!”

“S’il te plaît, évite de l’insulter, surtout en hurlant… Il est notre hôte, ne l’oublie pas. Et tu vas nettoyer ce que tu viens de renverser.”

Koga… Maintenant que j’y pense, c’est depuis notre rendez-vous avec lui que je me sens aussi épuisé. Est-ce qu’Ember a raison ? Je serais perturbé par son discours ?

Tandis que la jeune fille part chercher un torchon à l’autre bout de la pièce, susurrant ce qu’elle pense de notre hôte à voix basse, Erika en profite pour se lever, quittant la table sans dire un mot.

Je sens que la journée de demain sera longue également…

Notre jeune adolescente revient, soupirant longuement après avoir visiblement fini son déchaînement silencieux.

“Merci…”

“Pourquoi ? C’est moi qui l'ai fait tomber, ce verre.”

J’esquisse un sourire, ne prenant pas la peine de lui répondre.

Je me demande si le clan Kimono accepterait de nous accueillir également. Sinon, serais-je prêt à leur laisser Ember ?



Probablement pas.










Alors que les rayons du soleil traversent les fissures dans les volets, perçant l’obscurité de la salle commune, je repense aux mots de Koga, la veille.

Est-ce une honte de fuir ? Si cela nous permet de survivre, je ne vois pas en quoi le fait d’agir comme un lâche est une mauvaise chose.

Il a également sous-entendu que nous étions faibles, mais je ne me considère pas comme tel. Je veux dire, j’ai déjà prouvé ma force plus d’une fois.

Bon sang… Pourquoi est-ce que je suis bloqué sur ça ? Je devrais juste l’ignorer, comme l’a dit Ember.

Je regarde l’heure sur l’horloge murale. Sept heures cinq.

Je n’ai dormi que deux heures cette nuit. Ce n’est pas beaucoup, mais ça suffira pour le moment.

Soudain, alors que je commençais à m'étirer, un son provenant de l’extérieur m’interpelle.

Des bruits de pas.

Il semblerait qu’un groupe de ninja ait décidé de nous rendre visite à cette heure prématurée.

J'attends que ceux-ci ne toquent à la porte avant de me lever afin de les accueillir.

En ouvrant la porte, je me retrouve face à deux personnes : Une femme et un homme.

La femme porte une tenue de sport, par-dessus laquelle se trouvent des morceaux d’armure (une coutume des gens du coin, il faut croire). Ses cheveux argentés, coiffés en queue-de-cheval, retombent dans son dos.

Pour ce qui est de l’homme… C’est à la fois plus simple et plus complexe à décrire. Le type porte un habit couvrant l’intégralité de son corps, hormis ses énormes globes oculaires. Il a également une sorte de bouclier ridicule sur le bide…

“Vous êtes les deux personnes qui nous ont escortés hier.”

“Oh ! Je ne pensais pas que nous serions démasqués !”, s’exclame la femme aux cheveux blancs.

“Impressionnant.”

Les deux clowns applaudissent en prenant un air surpris. Leur comportement est radicalement différent comparé à hier. Mais il ne fait aucun doute, ce sont bien eux.

Le bruit de leurs mains finit par réveiller Ember, qui nous rejoint, à moitié réveillée, les cheveux en pétard.

“Que nous vaut votre visite ? C’est vis-à-vis de ma requête ?”

“Il est vraiment doué, ma parole !”

“Très impressionnant.”

Je vais finir par en tuer un s’ils continuent…

La jeune femme ninja se décide finalement à répondre à ma question.

“Koga a pris une décision ! Il accepte de vous aider, à condition que vous contribuez également.”

Hein ? Comment ça Koga a pris une décision ? Il ne devrait pas avoir son mot à dire sur cette affaire. De plus, il ne devrait être question d’aucune condition.

“Excusez-moi, mais j’ai un peu de mal à comprendre.”

“Aki n’est pas très douée pour expliquer les choses.”, affirme l’homme ninja, ses yeux n’aillant pas rétréci entre temps.

“T’as qu'à lui expliquer, si tu te crois meilleur que moi !”

J’espère vraiment que tout cela va nous mener quelque part…

“Pour la faire simple, monsieur Leeves, vous nous aidez, puis on vous aide en retour.”



Je vais en prendre un pour claquer l’autre.

Après m’être frotté le front suffisamment fort afin de faire disparaître mes maux de crâne, je décide de leur laisser une dernière chance.

“Ma requête est en lien direct avec le clan Kimono. Aucun paiement ne devrait—”

“TU VOIS, NATSU !! TON EXPLICATION ÉTAIT TROP NULLE !!!”

“Ça avait l’air facile en te regardant, mais l’art de l’explication est bien plus complexe que prévu.”

Ces gens sont censés être des mercenaires d’élite ? Pitié dites-moi que je rêve…

“Bande d’idiots ! Il ne comprend pas, parce qu’il croit que vous parlez de l’extraction de la fille Kimono !!”

Une voix plus aiguë, semblant appartenir à une gamine, retentit derrière eux. Ils sont trois depuis le début ? Il faut dire que les deux abrutis en face de moi ont le don de retenir l’attention sur eux…

“Oh ! Haha, en effet, ça fait du sens !”

Ember me répète, à voix basse, de me calmer. Je ne pensais pas que mon niveau de haine avait atteint le seuil où elle deviendrait carrément visible.

“L’extraction d’Erika Kimono se fera en temps voulu. Nous l'escorterons jusqu’à Johto dès que nous le pourrons. En attendant, nous vous demandons de bien vouloir patienter dans le village.”

En voilà une explication claire et précise. Ou presque.

“Combien de temps ?”

“Aucune idée. Des jours ? Des mois peut-être ? Ce n’est pas une affaire urgente, vous savez.”

“Comment ça ce n’est pas une affaire urgente ?! La Team Rocket la recherche !!!”

“Relaaxe… Ils n'oseraient pas venir la chercher ici. Et s'ils osent, ils n’arriveront pas jusqu’au village.”

Bordel… Je comprends que ce qu’elle dit fait du sens, cette fois-ci. Mais la façon dont ils ont l’air de traiter cette affaire ne me plaît pas du tout.

“Soit… Dans ce cas, qu'est-ce que vous attendez de moi, exactement ? Et pourquoi est-ce que je vous aiderais ?”

“J’ai connu des invités plus sympas dis donc…”

“Aki, je n’aime pas beaucoup comment il nous parle.”

Je me retiens de vous insulter depuis que je vous ai ouvert cette putain de porte !!!

“Vous n'avez toujours pas fini ?!”

“Un instant, princesse !”

« Princesse…? » Je sens ma migraine revenir…

“Si j'attends un instant, avec vous deux, on en aura pour la journée !!”

Perdant patience, la propriétaire de la voix de tout à l’heure se crée un passage entre les deux adultes, entrant dans la maison et dévoilant son apparence par la même occasion.

Elle mesure à peu près la taille d’Ember. Ses cheveux, aux couleurs de son clan, sont coiffés dans une sorte de queue-de-cheval au style atypique.

Sur son visage, une expression de supériorité y est dessinée, malgré le fait qu’elle soit probablement la plus jeune d’entre nous tous. (L’âge d’Ember étant toujours un mystère.)

“Vos services serviront de paiement pour la requête d’Erika Kimono. Si vous voulez que nous vous aidions à secourir vos amies, alors Azul Leeves devra m’ap—”

Alors que son regard, plein de détermination, se pose sur moi, la voix de la petite kunoichi disparu.

Je n’aime pas ce changement dans ses yeux. Cette sorte d’étincelle qui semble s’allumer de nulle part…

Je connais bien ce regard. En général, il équivaut au début d’une très longue journée…

Et au même moment, des bruits suspects se font entendre depuis la chambre derrière moi.

“... m’appartenir…”

Ce qui suivit fut le chaos total et absolu.

Erika sortit hâtivement de la chambre, les cheveux en pétard également, mais se frappa le pied contre le coin de la porte, ce qui déclencha un premier cri.

Son cri fut rapidement suivi par deux autres cris. Ceux d’Aki et Ember. Les raisons étant radicalement différentes.

Pour ce qui est de l’homme nommé Natsu, ses yeux n’ont toujours pas rétréci… Ce type est vraiment difficile à lire.

Personnellement, je n’ai plus la force de réagir après cet échange infernal. Je me contente donc de fixer la gamine droit dans les yeux, lui répondant de la façon la plus bienveillante possible.

“Jamais de la vie.”




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