Chapitre 78 - Captifs

 IX - Final


Chapitre 78 - Captifs

À part le rugissement du moteur et les ronflements de la fille dormant à l'arrière, notre voyage en direction d'Azuria se fait dans un silence pesant.

Sentant que le malaise ne fait que gagner en ampleur, je prends la situation en main, et décide d'ouvrir le dialogue avec mon ami, assis à côté de moi.

"C'est drôle, nous avions pris cette même autoroute pour rejoindre Carmin sur Mer, il y a quelques mois. Et maintenant on fait la même route, mais dans l'autre sens !"

Le visage glué à la vitre, Azul ne prends même pas la peine de me répondre. Étrangement, son silence est plus douloureux à encaisser que ses insultes habituelles...

Et si je tentais une blague pour le faire sourire ?

"Hey. C'est un mec qui entre dans un bar, et là, manque de pot, c'était un barp—"

"Ta gueule."

...

Il n'a pas souri.

Soupirant longuement, je me concentre de nouveau sur la ligne droite en face de moi.

"Si t'étais inquiet à ce point, t'aurais dû l'accompagner..."

"...De toutes façons, elle sera à Azuria avant nous, non ?" Demande Azul sur le ton du sarcasme. Quelque chose me dit qu'il m'en veut pour avoir soutenu l'idée d'Ember...

Franchement, j'étais du même avis que lui concernant le message qu'elle a reçu, sur son téléphone. Une armée de mille Soldats, repartie dans tout Kanto, le tout sans pilote ? Ce n'est clairement pas réaliste.

Mais Ember ne semblait pas convaincue. Et la possibilité d'un tel scénario l'aurait hantée pendant des jours.

Au final, avec le Vyzard ainsi que ses capacités surhumaines, elle ne risque pas grand-chose à se rendre à Safrania. Elle aura la matinée pour se rassurer, puis elle nous rejoindra à Azuria une fois qu'elle aura la conscience tranquille.

Le souci, maintenant, ce sont les mauvaises ondes qui émanent de son partenaire, dont la confiance est inexistante...

"À cette heure-ci, elle a probablement eu le temps de parler avec quelques personnes sur place... est-ce que tu veux lui téléphoner ?" Je demande, la voix hésitante.

"Pourquoi est-ce que j'appellerais ? Elle ne risque rien, non ? Elle a son Vyzard," dit-il encore avec un surplus de sarcasme. Cette fois-ci, c'est l'arrogance d'Ember qui semble être la cible de ses plaintes silencieuses.

"Tu n'as vraiment pas l'habitude d'être celui à qui on demande de nous faire confiance, hein...?"

"Je lui fais confiance."

"On ne dirait pas."

Le regard du jeune Leeves se tourne vers moi. Froid et bouillant à la fois. Pour finalement battre en retraite en direction de la vitre côté passager, à nouveau.

"Je connais les capacités d'Ember. Je sais qu'elle est forte, et qu'elle n'est pas aussi stupide qu'elle en a l'air."

Pas sûr qu'elle aurait aimé cette dernière remarque...

"Mais..." Sa voix semble plus hésitante, comme si les mots peinent à sortir. "... J'ai pris l'habitude de la protéger. Même si ma présence n'est pas toujours nécessaire auprès d'elle... Je..."

"Tu n'aimes pas être loin d'elle," je le coupe, un grand sourire aux lèvres. "C'est mignon."

"Continues d'employer les mots comme des armes, et je laisserai mon revolver parler à ma place..." Sa menace plane comme un nuage noir au-dessus de nous.

"Franchement, je ne pensais pas te voir un jour en couple." Je lance le sujet, espérant qu'il ne me flingue pas pour de vrai.

Mais, à ma grande surprise, Azul ne répond pas. Il continue de fixer le paysage défilant par la fenêtre.

"T.. Tu ne vas rien dire ?" Je demande, d'une voix tremblante.

"Je n'ai rien à dire," affirme-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence. SAUF QUE CE N'EST PAS LA RÉACTION QUE J'ATTENDAIS D'AZUL LEEVES !!!

"J.. Je viens juste de dire que je sais à propos de ta relation avec Ember !"

"Et donc ? Qu'est-ce que ça peut bien me faire ?" Demande-t-il en soupirant, visiblement fatigué par le fait de m'entendre.

"C.. Ce n'était pas un secret ?!"

"Non."

"Je suis à peu près sûr que personne d'autre n'est au courant, pourtant !"

"Tu en fais toujours des caisses pour rien..." Remarque-t-il en me lançant un regard dubitatif.

"Ce n'est clairement pas « rien » !" À ce point de la conversation, je cesse de regarder la route.

"Je ne vois pas en quoi ma relation avec Ember pourrait concerner quelqu'un d'autre que nous deux. Il n'y a pas de quoi en faire une annonce."

Ce type ne comprend pas qu'il est le seul pour qui ces détails ne sont que des détails... La nouvelle pourrait secouer tout Kanto, mais il continuera d'affirmer que ça n'est pas une information d'intérêt général.

Soudain, alors que je me demande si je devrais relayer l'info, ou garder ce secret qui n'en est pas un, le téléphone d'Azul se met à sonner.

Une sonnerie banale. Celle d'un type qui ne l'a jamais personnalisé, puisqu'il laisse toujours son téléphone sur vibreur.

En vue des circonstances, cependant, il semble avoir décidé que la discrétion ne serait pas nécessaire. Au contraire.

Après avoir confirmé l'identité de l'appelante, il répond immédiatement. Contrairement à ce que j'espérais, son visage se tend dans une expression de colère avant qu'il ne raccroche, sans rien dire à son interlocutrice.

Son appel aura duré dix-huit secondes au total.

"Prends la première sortie pour Safrania," ordonne-t-il, son regard tremblant de haine.

"Azul... J'ai entendu. Ce n'était pas la voix d'Ember—"

"Le numéro était le sien, mais la voix appartenait à une personne âgée. Probablement l'Ancienne," explique-t-il sans hésiter.

"Elle a réussi à la capturer ?! Comment—"

"J'en sais rien. Mais ce sera sa dernière erreur."

Mes mains se serrent sur le volant. Je n'ose pas le dire, mais j'ai entendu bien plus que la voix de son interlocutrice. Les mots étaient distants depuis le siège conducteur, mais j'ai cru deviner qu'elle lui demandait de rendre les armes à un endroit spécifique. Sinon quoi elle déploierait des unités mécaniques dans plusieurs villes.

La même chose irréaliste qui était décrite dans le message qu'avait reçu Ember cette nuit. Je me demande s'il s'agit d'un piège bien ficelé, ou si la menace est bel et bien réelle...

Quoi qu'il en soit, le choix logique serait de se rapprocher du point de rendez-vous afin d'en apprendre plus.

"Est-ce qu'elle t'a demandé de te rendre à Safrania ? Infiltrer la ville risque de—"

Une fois de plus, je suis interrompu par la voix froide d'Azul.

"Non. Elle nous donne rendez-vous aux portes d'Azuria."

A.. Azuria ?!!

Elle sait donc où nous allons... Et surtout, Azul souhaite ignorer totalement la menace et lancer une offensive sur Safrania sans savoir ce qu'il s'y passe et où attaquer, exactement !

"C.. C'est de la folie ! On ne peut pas foncer vers Safrania sans en savoir plus !" Je tente de le raisonner, mais je devine rapidement au regard de mon ami qu'il ne changera pas d'avis.

"Je comprends que tu sois inquiet pour Ember, mais tu n'accompliras rien sans un plan !" J'insiste, sachant que notre véhicule se rapproche inévitablement de la prochaine sortie.

"J'ai un plan. Exactement le même dont je t'ai parlé hier soir," dit-il sans sourciller.

Le même que hier soir...? Si mes souvenirs sont bons, son plan était juste d'utiliser son Soldat et de ne pas perdre. Il n'a donc absolument aucun plan !!!

"S.. Supposons que ce soit vrai ! Qu'elle ait les capacités pour déployer mille unités dans tout le pays ! Tu condamneras des milliers d'innocents en ignorant ses menaces !!"

Cette fois-ci, il ne répond pas immédiatement. Mais il ne semble pas réfléchir non plus. Son regard se tourne simplement, doucement, vers moi. Un regard d'une indifférence cruelle.

"Arrête-toi sur le bas-côté. Nous irons sans toi à Safrania."

......

Alors c'est ça, sa solution ? Me supprimer du groupe pour pas que j'aie à endosser les conséquences de ses choix ?

"Tu ne comprends rien, Azul..." Ma voix s'envenime, alors que mon pied appuie de plus en plus sur l'accélérateur.

Sentant que quelque chose cloche dans l'habitacle, Morgane se réveille. Essuyant un filet de bave coulant de sa bouche, elle nous fixe d'un air perdu.

Azul, pour sa part, fronce peu à peu les sourcils en insistant.

"...Léo. Arrête le véhicule."

"Je ne m'arrêterais pas. Et je n'irais pas à Safrania non plus."

Tant qu'il refusera de m'écouter, je n'en ferais qu'à ma tête également.

"Je te laisse trois secondes pour stopper ce putain de camion, Léo..."


...


..


.


Soudain, Azul attrape le volant. Je n'ai pas le temps de réagir, qu'il le tourne de toutes ses forces sur la droite.

"T'ES COMPLÉTEMENT MALADE !!!" Je hurle, essayant de regagner le contrôle tout en freinant. Mais la voiture roule déjà beaucoup trop vite, et Azul a beaucoup trop de force pour moi.

Finalement, le véhicule arrache la barrière de sécurité avant de s'envoler dans un champ, cinq mètres plus bas.

Le pare-brise explose en mille éclats, dans une cacophonie composée de bruit de verre écrasé, de pièces mécaniques se perdant dans des endroits où elles ne sont pas censées être, et des cris de Morgane, qui se couvre la tête sans comprendre ce qu'il se passe.

Enfin, lorsque l'inertie a fini de nous traîner, tête vers le bas, sur plusieurs mètres de boue, le camion s'arrête.

Le capot fume noir. Heureusement, ce champ n'avait aucun obstacle capable de nous tuer. Ni aucun agriculteur que nous aurions pu tuer...

Cependant, la douleur dans mon dos me fait me dire qu'un de mes muscles n'a pas apprécié le tour de manège que lui a imposé l'idiot qui est déjà en train de s'extirper du véhicule, d'un coup de pied dans la portière.

Une fois dehors, il aide Morgane à sortir à son tour. Mais cette dernière, bien qu'en meilleur état que moi, tremble toujours en se demandant comment cela se fait qu'elle soit toujours en vie.

Détachant ma ceinture, je gémis de douleur lorsque mon corps tombe sur ce qui est censé être le toit de l'habitable. Enfin, je rampe pour sortir via le pare-brise brisé, fixant Azul d'un regard rempli de haine.

"Em... EMBER NE RISQUE RIEN AVEC SES CAPACITÉS !! PENSE AUX GENS QUI MOURRONT PAR TA FAUTE !!!"

Une envie irréversible de vomir m'envahit. Peut-être que je ne devrais pas hurler de la sorte après un accident... Mais je ne suis plus dans un état mental me permettant de garder mon calme.

"On a le temps... Hah..." Je reprends mon souffle, afin de hurler à nouveau. "ON A ENCORE LE TEMPS POUR REFLÉCHIR À UN PLAN !"

Azul me fixe froidement, le visage ensanglanté.

"Morgane. On y va," dit-il, refusant toujours de prendre mon avis en considération.

La Sorcière nous regarde, l'un après l'autre, ne sachant quoi dire. La panique est claire sur son visage.

Enfin, sa tête s'arrête sur Azul, à qui elle demande d'une voix tremblante si Ember est en danger.

"On fonce la sauver," répond-il en acquiesçant, sa Superball en main afin d'appeler son Soldat jusqu'à lui.

Je n'ai plus le choix... Ou, du moins, dans mon état actuel, je ne vois pas d'autre solution.

Me relevant difficilement, je dégaine le flingue que je gardais à l'arrière de ma ceinture, pointant le canon en direction d'Azul.

"Ne bouge plus...ngh...!" Mes côtes me font horriblement mal également, maintenant que je suis débout. "Tu n'as pas les idées claires... Ce que tu ressens pour elle... Ça ne doit pas prendre le dessus sur tout le reste !!!"

Le regard du jeune Leeves ne lâche pas mon arme. Il semble enfin se calmer. Est-ce qu'il va m'écouter maintenant...?

"Tu ne comprends pas, Léo. Tu ne peux pas comprendre," Dit-il, alors que son Soldat tombe enfin du ciel après une propulsion de plusieurs kilomètres. L'onde de choc me fait tomber au sol à nouveau, me forçant à lâcher mon arme par la même occasion. "C'est Ember qui m'a permis de vivre. C'est elle qui a donné un sens à mes choix. C'est elle qui a colorié le monde qui m'entoure."

Azul se tourne en direction du Eevolv-S, ouvrant le cockpit en faisant signe à Morgane pour monter à bord.

"Sans elle, je ne suis rien de plus qu'un zombie. Quelqu'un qui aurait dû mourir dans une guerre stupide," son regard se tourne une dernière fois vers moi, par-dessus son épaule. "Je préférerais laisser Kanto brûler que de la perdre."

Je suis couvert de boue, au sol, fixant mon ami disparaître dans le cockpit de sa machine sans rien pouvoir faire.

Enfin, alors que l'Eevolv se propulse, sous sa forme canine, en direction de Safrania, je m'empresse d'attraper le flingue au sol.

"AAAZUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUL !!!!"

Vidant mon chargeur en direction de la silhouette fugace de son Soldat, je hurle son nom à pleins poumons. Avant de m'effondrer à genoux, mes larmes coulant à flots, mon doigt continuant d'appuyer sur la gâchette de mon arme, dont seuls des clics vides résonnent.




















C'est gênant.

Tôt, ce matin, je disais à Azul qu'il pouvait me faire confiance. Que je suis invincible lorsque je suis à bord du Vyzard. Et je continue de le penser.

Mais j'ai pas imaginé que cette vieille peau utiliserait des otages contre moi.

Peu importe. Au moins, maintenant, je n'ai plus besoin de la chercher. Puisque deux robots, un en forme de Feunard, l'autre en forme de Sablaireau, m'escortent de force dans une locomotive faisant le tour de la ville.

Ce métro qui, de l'extérieur, a une apparence normale (hormis ses vitres teintées), est en réalité une sorte de maison sur rails, dont chaque wagon compose une pièce différente.

Enfin, nous arrivons là où les robots souhaitaient m'emmener. Dans un wagon sentant le savon de vieux et la soupe amer.

Cependant, ce n'est pas Agatha qui en est la cause, mais plutôt mon nouveau partenaire de cellule.

"Ça alors... Les gosses grandissent de plus en plus vite de nos jours. Qu'est-ce qu'Azul t'a filé à manger, gamine ?"

"Papy Grincheux ?!!" Je m'exclame, voyant un visage que je ne pensais ne plus jamais revoir en vue de son âge avancé.

Sans prévenir, le Feunard mécanique referme la porte de la cellule derrière moi en utilisant une de ses queues tentaculaires.

"Qu'est-ce que vous faites à Kanto ?! Et comment est-ce que vous savez que c'est moi ?!!" Je crie de plus en plus fort, procurant chez lui une expression d'inconfort intense.

"C'est une longue histoire. Les johtonnais ont juste des pratiques étranges pour débusquer des criminels..." Dit-il en se levant du lit unique au bord duquel il était assis, se tenant le dos, douloureusement. "Quant à ton identité... Disons juste qu'à mes yeux, tu n'as pas tant changé."

Il a pourtant dit que j'avais beaucoup grandit...

"Bon, d'accord, mais pourquoi vous êtes dans ce train et pas dans une prison normale comme tous les autres criminels ?" Je demande, ignorant le reste.

"Attends, ta gueule un instant ! Pourquoi est-ce que TOI tu es ici ?!" Demande-t-il à son tour, ignorant le reste... c'est-à-dire tout.

"Il faudrait savoir, Papy... Je dois la fermer ou répondre ?"

"MAIS RÉPONDS, BORDEL DE MERDE !!!"

Croisant les bras, fièrement, je prends un air déterminé. Apportant, via mes prochains mots, un peu d'espoir dans la vie de ce vieux schnock.

"Agatha souhaite envahir le pays avec une armée de robots sans pilotes ! Alors je suis venue pour sauver Kanto !"

"Ah, bah, ça semble bien parti, effectivement," commente-t-il en s'asseyant à nouveau, aillant perdu tout espoir, visiblement. "C'est Green qui t'envoie ?"

Mon regard s'écarquille face à sa perspicacité. Papy Grincheux n'est pas un professeur super reconnu pour rien...

"Comment vous savez que je travaille avec lui ?!"

"Il est le seul que j'ai mis au courant," explique-t-il, me convainquant que je l'ai peut-être un poil surestimé. "Ça me surprend de te voir bosser avec mon petit-fils alors que c'est une petite salope, mais passons."

Ah oui. Sympa.

"Où est Azul ?" Demande-t-il enfin, comme s'il s'agissait de la seule question qui avait de l'importance à l'instant.

Je détourne peu à peu le regard, hésitant à lui répondre. Mais son visage gagne de plus en plus en rides au fur et à mesure qu'il attend...

"I.. Il est..." Je me tourne dos à lui, le visage en sueur. "... à Azuria."

"... T'es venue seule ?"

"O.. Oui...?"

"MAIS T'ES LA REINE DE CONNES, MA PAROLE ?!" Hurle-t-il en bougeant ses mains en l'air, frénétiquement. "CE SONT LES HORMONES DE CROISSANCE QUE T'AS BOUFFÉ QUI T'ONT GRILLÉ LE CERVEAU ?!!!"

"HEY ! JE SUIS LE CHEVALIER DRAGON ! JE SUIS CAPABLE DE VAINCRE UNE ARMÉE À MOI TOUTE SEULE !"

"OUAIS, BAH POUR LE MOMENT, T'ES SURTOUT LE CHEVALIER WAGON !! PARCE QUE T'ES PAS PRÊTE DE SORTIR DE CE PUTAIN DE TRAIN !!!"

"J.. JE NE SUIS PAS VENUE ICI POUR ME FAIRE JUGER, OK ?!!"

Avant que le vieux débris n'ait le temps d'ajouter plus d'insultes à la liste, la porte du wagon s'ouvre de nouveau. Encore le Feunard mécanique et son partenaire aux longues griffes.

Sauf que cette fois, une vieille dame habillée comme une bourgeoise de l'ancien temps les accompagne tandis qu'ils se rapprochent de notre cellule.

"Vous-vous disputez déjà ?" Demande-t-elle en ricanant froidement. "Ne t'en fais pas, Samuel. Cette fille ne sera plus là d'ici ce soir. Le temps que je puisse examiner sa machine en détail."

"Vous allez me laisser partir ?!" Je m'exclame, surprise par sa tolérance.

"Non. Je te traînerais dans un autre wagon pour te tuer," dit-elle sur un ton sec, me fixant avec dégoût.

Au moins, ça a le mérite d'être clair...

"Vous m'avez appelé Mewtwo, tout à l'heure," j'argumente d'un air défiant. "Vous devez savoir que je ne suis pas facile à tuer !"

Elle m'observe, le menton levé au ciel. Son silence pesant avant qu'elle ne souffle du nez, ne me prenant pas au sérieux.

"Ta stupidité est affligeante. Tu es une insulte à celle que tu as copiée."

Mon cœur saute un battement, tandis que mon regard s'écarquille. Mon corps se propulse, sans que je ne m'en rende compte, en direction des barreaux de ma cellule, que j'attrape dans mes mains, produisant un bruit sourd.

"C'est donc vrai... La véritable identité du Grand Maître...!"

Agatha recule lentement, par sécurité, malgré la barrière d'acier qui nous sépare.

"C'est son petit-fils qui t'envoie ? Il pensait pouvoir se débarrasser de moi en manipulant le Chevalier Dragon et son groupe ? Ha !" La vieille dame pose une main sur son Feunard métallique, qui ne réagit pas. "Vous allez tous mourir à cause de lui."


[Vert Feuille] Mechamon Iris - Page 8 Chapit81


Mon regard s'assombrit de haine. Je peux le sentir. Cette femme n'est pas comme Morgane et Olga. Elle n'a absolument aucune bonne intention.

"Je suis la personne la plus proche du Grand Maître," continue-t-elle. "Pendant que tous les autres lèchent les bottes de Lance, je suis la seule à vouer une véritable dévotion pour notre authentique Leader."

"Qu'est-ce que ça peut bien nous foutre ?" Demande Papy Grincheux, le visage tourné dans la direction opposée d'Agatha.

"Ne sois pas jaloux, Samuel. Tu restes mon objectif principal sur Terre," Répond-elle en ricanant. "Mais le Grand Maître et moi partageons plusieurs points communs. À commencer par notre haine de l'espèce humaine."

Une haine contre les humains... Ce sont donc bien eux...

Mew et Scarlett !

"Lance pense que mes Charming Leon serviront à prendre en otage le pays afin qu'il puisse forcer les rebelles à capituler. Mais la Ligue, et le Conseil en particulier, est une organisation composée d'égoïstes," explique Agatha, me fixant du regard afin d'analyser mes réactions. "Nous avons tous nos propres objectifs. Et le mien est dans la même lignée que le Grand Maître. C'est pourquoi mes Charming Leon ne laisseront aucun survivant."

...Hein...?

Ça ne fait aucun sens ! Pourquoi est-ce qu'elle ferait une telle chose ?!!

"CES GENS NE VOUS ONT RIEN FAIT !!!" Je perds patience, collant mon visage de plus en plus aux barres de métal.

En réponse, Agatha se contente de lever un sourcil.

"Comme je le pensais, en plus d'être stupide, tu es naïve. Je comprends pourquoi le Grand Maître tien tant à te voir disparaître."

Cette fois, je n'ai pas le temps de répondre, qu'une alerte retenti depuis la tablette qu'elle tient sous son bras. Une grimace apparaît sur son visage à l'instant où elle lit le contenu de l'avertissement.

"Ton ami a refusé de coopérer. Encore un qui mourra aujourd'hui," commente-t-elle en haussant les épaules, se dirigeant de nouveau en direction de la porte du wagon.

La voix de Papy Grincheux retentis alors, avant qu'elle n'ait le temps de partir.

"De tous les choix stupides que tu as faits dans ta vie, celui-ci est de loin le pire, Agatha."

"..."

Elle ne répond pas.

Finalement, la porte se referme derrière elle et ses robots.




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