Chapitre 80 - Premier contact

 

IX - Final

Chapitre 80 - Premier contact

Depuis petite, la haine a toujours été ma plus fidèle compagne. Que ce soit vis-à-vis de Bertha, pour qui la vie n'a cessé de lui sourire. Mes parents, qui ont passé la leur à critiquer mes choix. Ou mes collègues scientifiques, qui récoltent les louanges pour des accomplissements mineurs.

J'ai toujours été la bête noire. La moins mignonne des deux sœurs. La moins talentueuse de la classe. La moins inventive de mes compères.

Même ma personnalité a toujours été critiquée. Je suis une personne désagréable. Toxique. Insultante.

Mais personne ne se demande jamais pourquoi je suis aussi négative. Personne ne cherche jamais à me comprendre.

Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de suivre la voie de la science. Peut-être pour imiter Bertha ? Pour prouver que je pouvais la surpasser ?

Le fait est que cela ne m'a jamais rendue heureuse. Je n'ai jamais eu d'objectif professionnel. Les seules fois où j'ai pris du plaisir, c'était en reproduisant le même projet que quelqu'un d'autre, avec un détail en plus qui faisait que ma version était meilleure.

Un travail sans effort, qui attisait les critiques. Mais peu importe.

L'être humain est une espèce méprisable. Alors ils peuvent me mépriser autant qu'ils veulent. Cela ne me touche pas.

Malgré ça. Malgré toute la haine que j'éprouve pour l'espèce humaine... Il y a une personne pour qui je pourrais tout abandonner.

Un garçon que j'ai rencontré il y a plus de quarante ans maintenant. La seule personne m'aillant donnée un peu de gentillesse.

Samuel Chen.

C'était un geste simple. Une gomme tombée au sol durant un examen, qu'il a pris la peine d'attraper pour me la rendre.

Ses doigts ont touché les miens. Et il n'a ressenti aucun dégoût. C'était de la bonté pure, qui m'était offerte de la manière la plus insignifiante possible. Et pourtant. L'effet que cela a eu sur mon cœur fut dévastateur.

Je suis tombée éperdument amoureuse de ce garçon. Instantanément.

Il fallait que je le voie en permanence. S'il quittait mon champ de vision, alors mon esprit commençait à imaginer le pire.

Je voulais qu'il me remarque. Qu'il me voit. Qu'il sache l'importance qu'il avait à mes yeux. C'est pourquoi j'ai commencé à copier ses sujets de recherche.

Normalement, il aurait dû comprendre le message. C'était évident. Mais il a cru que je le provoquais. Que c'était une forme de rivalité toxique de ma part.

Alors j'ai crocheté la porte de sa chambre d'étudiant, un soir. Je l'ai attendu, debout, au milieu de la pièce, sans un seul vêtement sur moi.

Le sens était clair, cette fois-ci. Il ne pouvait y avoir de quiproquo.

Et pourtant. En me voyant, Samuel a appelé la sécurité du dortoir, affirmant qu'une folle s'était introduite dans sa chambre.

J'ai tout fait pour lui. J'ai été jusqu'à saboter sa cérémonie de mariage avec cette bouseuse de Bourg Palette. Et malgré tout, il ne m'a jamais donné l'attention que je méritais. Alors que nous étions destinés à vivre ensemble.

Bref. Avec le temps, il devenait de plus en plus dur de s'inspirer des travaux des autres. La technologie évoluait, et ces ordures mettaient à jour leurs inventions aussitôt que j'avais fini de sortir une copie légèrement meilleure que l'original.

C'est alors que je suis tombée sur un domaine très peu exploité, mais avec un très grand potentiel pour des personnes comme moi.

L'intelligence artificielle.

Sans le savoir, en essayant de développer un outil qui me permettrait de mieux rabaisser le travail de ces soi-disant génies, j'étais en train de faire évoluer un domaine sous-estimé et quasiment abandonné.

C'était le destin. Personne ne croyait en cette technologie. Tout comme personne n'a jamais cru en moi.

Et finalement, les années passèrent. De nombreuses années douloureuses. Beaucoup trop d'années.

Avant que je ne m'en rende compte, mon visage était déjà couvert de rides et je pouvais sentir que la faucheuse n'était jamais loin.

J'ai passé ma vie entière à haïr et être haïs. Des années de solitude, accompagnée de robots à peine capable d'imiter l'être humain.

J'étais vieille et misérable. Mon nom n'était connu de personne, et mes recherches relevaient plus du fantasme que d'une véritable technologie innovante.

Malgré ça, j'ai reçu une lettre étrange, de la part d'un jeune homme qui se disait impressionné par mes compétences.

Selon lui, mes sujets de recherche et ma mentalité étaient nécessaires à son organisation.

J'ai accepté de le rencontrer. Et j'ai vite compris, en le voyant, qu'il était un hypocrite de très haut niveau.

Ses discours étaient politiques. Son sourire faux. Son apparence trop parfaite.

Lance Dragonhart n'était qu'une image. Sa véritable personnalité était cachée sous une épaisse couche de mensonges.

"Tu as le sourire le moins humain que j'ai vu dans toute mon existence. Et tu dis que ta Ligue a pour objectif de sortir Kanto de cette guerre ? En renversant le gouvernement ?"

"Vous êtes dure, Agatha. Mon sourire est tout à fait normal," répondit-il d'une voix profonde et douce. Le genre de voix que posséderait le diable. "Mais c'est aussi ce côté méfiant qui nous plaît chez vous."

"Ton talent est indiscutable. Et pourtant, personne ne te connaît. Comment est-ce qu'un gamin dont nul n'a jamais entendu parler pourrait, soudainement, unir tant de gens talentueux sous sa coupe ?"

Son regard perçant me fixait, sondant mon âme. Peut-être souhaitait-il m'impressionner. Mais j'étais déjà trop vieille pour avoir peur de qui que ce soit.

"Cette Ligue n'a pas pour objectif d'aider Kanto. Tu as un agenda caché. Peut-être même que—" Ma voix fut coupée par le son de son épée bougeant dans son fourreau. Un mot de plus et il me tairait probablement pour l'éternité.

"Bien. J'accepte ton offre," je repris. "Je me fiche du destin de Kanto ou du monde. Du moment que tu me donnes ce dont j'ai besoin pour développer mes propres projets..."

"Vous m'en voyez ravis."


Six mois plus tard. Alors que la guerre approchait de la fin, Lance me donna une quête importante.

Jusqu'à présent, j'ai toujours ignoré ses demandes. Mais celle-ci semblait urgente. Il y avait un fond de menace si je venais à refuser de nouveau.

La quête était la suivante : assister et contenir le Grand Maître.

Sur le coup, je ne comprenais pas. Qui était ce « Grand Maître » ? Lance est le fondateur et leader de l'organisation. Pourquoi, soudain, une personne supérieure à lui était apparue ?

S'il me demandait de la contenir, c'est qu'il a dû lui céder cette place sous la crainte. Cette personne serait quelqu'un que le Maître lui-même est incapable de contrôler...

C'était stupide. Presque aussi stupide que le fait de me demander à moi, une vieille antisociale, de servir de baby-sitter.

Ou du moins, c'était ce que j'imaginais... avant de la voir de mes propres yeux.

Je n'avais jamais vu autant de haine dans un seul regard. Contrairement à Lance, elle ne se cachait pas derrière un masque.

Elle n'en avait pas besoin.

L'humanité toute entière était une vermine qu'elle observait avec un mépris glacial.

C'était pour ça que Lance m'avait choisi. Car personne d'autre ne pouvait comprendre, ne serait-ce qu'une fraction de son abomination.

J'étais la seule partageant son sentiment envers les humains. La seule avec une chance de l'approcher.

Et je n'étais pas exempt de son antagonisme. Pas une seule fois, le Grand Maître ne m'a traité autrement que comme son esclave.

Je ne suis qu'un outil pour ses plans sombres. Et jamais je me suis plaint.

Déjà, car une telle rébellion m'aurait probablement coûté la vie. Mais surtout parce que je partage chaque détail de sa vision.

Si son rêve, celui d'éradiquer l'espèce humaine, venait à se réaliser...

...alors je pourrais quitter ce monde sans aucun regret.










Je n'arrive pas à y croire. Samuel est encore sorti de sa cellule. Et il est accompagné de ce misérable clone cette fois-ci !

"Comment...?" Ma voix résonne avec une rage à peine dissimulée.

Après l'épisode d'hier soir, j'ai retiré tout objet qui aurait pu lui permettre de démonter cette fichue serrure... Alors comment ont-ils fait ?!!

Mon regard se pose alors sur une chose que je n'avais encore jamais vue. Un drone sphérique, roulant aux pieds de Mewtwo.

Quand est-ce que ce robot est monté à bord du train...? Nous avons pourtant scannés l'intérieur du cockpit de son Soldat...!

"Agatha ! Arrêtez vos bêtises !!" Crie la chose aux cheveux bicolores. "À quoi est-ce que cela vous avancera de tuer des innocents ?!"

"Tu penses vraiment être en position de force ?" Tapant ma canne sur le sol, j'ordonne à mon Sablaireau d'éliminer la menace.

Mon rongeur mécanique aiguise ses lames entre elles, puis fonce en direction de son adversaire.

Cependant, soudainement, la locomotive se met à perdre en vitesse, s'arrêtant précipitamment. Ce qui déstabilise mon robot, permettant à cette petite garce de le contourner pour récupérer le sabre en bois que nous lui avions confisqué plus tôt.

Mes mains posées sur le terminal de contrôle pour ne pas tomber, j'affiche les images de l'extérieur, la mâchoire serrée par cette tournure enrageante.

Nous sommes à la surface. Sur un point de liaison entre deux tunnels.

Les chemins de fer de Safrania ne traversent pas intégralement les souterrains pour diverses raisons. Ce qui fait que, pour faire le tour de cette ville stupide, mon train est obligé de refaire surface à certains points très courts du trajet.

Qu'est-ce qui aurait pu nous forcer à nous arrêter à un tel endroit—

"C.. C'EST IMPOSSIBLE !!!" Je hurle en voyant, quelques mètres plus loin, un Soldat doré appliquant de l'électricité sur les rails. Forçant non seulement mon train à s'arrêter, mais également tous les systèmes de métro de la ville ! "C'EST CETTE STUPIDE MACHINE !!!"

L'Eevolv. Le dernier exploit de Samuel. Un travail impossible à imiter à cause de sa capacité absurde à manipuler les éléments via une pierre élémentaire.

J'ai signé un accord avec des anciens mercenaires du clan Fuschia, leur offrant des informations confidentielles sur la situation dans la région de Jadielle et du Plateau Indigo, précisément pour qu'ils nous aident à abattre ces catins du clan Kimono.

Ma seule condition était que je récupère les pierres élémentaires et toute information les concernant. Justement pour produire ma propre version améliorée de l'Eevolv, avant de mourir !!!

"AZUL ?!" S'exclame Mewtwo, des étoiles plein les yeux, en voyant les images affichées sur les écrans principaux du wagon.

"Attends... QU'AVEZ-VOUS FAIT À MON INVENTION ?!!" Hurle Samuel pour une raison que j'ignore.

En plus du fait que nous soyons à l'arrêt, les portes de chaque wagon s'ouvrent sans que je ne l'aie demandé.

Le fait de court-circuiter toute la ville, alors que c'est virtuellement impossible, ne suffisait pas ? Quelqu'un à bord de ce satané Soldat a également piraté le système de mon train !!

"Rends-toi, Agatha !" Ordonne la garce armée d'un bâton. "Tu n'as plus aucune chance !!"

Mon Sablaireau est déjà, de nouveau, en position. Il attend mes ordres pour attaquer, aillant estimé que la situation a quelque peu changé.

"Me rendre...?" Mon regard se déforme dans une colère noire. "Je représente la Ligue, pauvre folle !!! Ce serait plutôt à vous de vous rendre !!!"

Une voix retenti alors, à l'extérieur. Cette dernière sort des haut-parleurs de la machine dorée. Il s'agit de son pilote, Azul Leeves.

"Une cinquantaine de Soldats sans pilotes sont répartis partout en ville. Plusieurs d'entre eux s'approchent de notre position."

"Il faut donc qu'on en finisse vite avec elle..." En conclue Mewtwo, fixant mon Sablaireau d'un air déterminé, tenant son bâton fermement dans ses mains.

"Ma menace initiale tient toujours ! Si vous ne capitulez pas, ces imbéciles de la Sylphe seront tous exécutés !!!" Je répète, dans mes propres haut-parleurs cette fois, sentant que la situation me glisse entre les doigts.

"Ne l'écoute pas, Ember ! Je m'occupe des machines dehors ! Alors dépêche-toi de stopper Agatha !!"

Misérable imbécile...! D'abord, à Azuria, maintenant ici... Combien de fois est-ce qu'il compte ignorer mes ultimatums ?!!

"D.. D'accord ! Mais comment est-ce que tu as fait pour savoir que nous étions dans ce train ?!" Demande cette idiote de clone en pensant que son ami peut l'entendre. Comme quoi la stupidité ne s'invente pas.

"O.. On a reçu un me.. message crypté du Vyzard," affirme une voix aiguë et frémissante que je reconnais à peine.

Tournant mon regard choqué en direction des portes du wagon, je vois une jeune femme aux longs cheveux noirs. Des grandes cernes sous les yeux. Un visage couvert de sueur et des genoux tremblants. Elle est accompagnée de deux drones en forme d'abeilles.

"La Sorcière...?!" À ma haine, s'ajoutent la surprise et le dégoût.

Tout comme chaque membre composant le Conseil, j'ai toujours méprisé cette fille. Elle est suffisamment talentueuse pour que Lance lui-même la protège. Et pourtant, elle s'est toujours comportée comme une trouillarde. Pathétique.

"Morgane ?! Pourquoi t'es descendue du cockpit ?!" La gamine aux cheveux blanc et noir se met à paniquer, prenant une posture défensive entre le Sablaireau et son amie.

"I.. Il y a des choses q.. que je suis la seule, dans l'équipe, à pouvoir faire !!!" Hurle la Sorcière, des larmes aux yeux, tournant son regard dans ma direction.

Je vois. Elle souhaite prendre le contrôle de mon terminal afin de stopper les Charming Leon.

Cette fille a toujours été une menace. Même au sein du Conseil.

Depuis son téléphone, la Sorcière ordonne à l'un de ses drones de me foncer dessus.

En réponse, je claque de nouveau ma canne sur le sol, signalant au Sablaireau qu'il doit reprendre son combat.

Au même moment, pendant que mon rongeur mécanique bondit sur Mewtwo, les yeux des deux Charming Leon présents dans le wagon s'allument. L'un d'entre eux tirant instantanément sur le drone qui me fonce dessus, l'explosant en plein air.

Le visage de la Sorcière se décompose alors qu'un cri aigue quitte sa gorge, devenant pâle en voyant le toit du wagon s'ouvrir afin que mes deux Soldats puissent se lever et nous surplomber.

Le deuxième Soldat, celui qui n'a pas tiré, commence alors à lever un pied, se préparant à écraser cette traître.

"MORGANE !!!" Hurle Mewtwo en parant les assauts rapides et répétés du Sablaireau. J'ignore comment son morceau de bois arrive à tenir face à des lames en acier, mais peu importe.

Deux tirs de plasma retentissent. Après quoi, mon Charming Leon stoppe tout mouvement, sa jambe encore levée.

L'Eevolv doré d'Azul Leeves, plus loin dans la rue, a désarmé un des multiples Soldats qu'il est actuellement en train de combattre. Et il est en train d'utiliser ses armes contre les autres !!

Les têtes de mes deux méchas sont percées d'un trou chacun. Comment a-t-il fait pour toucher leurs têtes au pistolet, à une telle distance ?! Qui est ce pilote ?!!

"N'aie pas peur, Morgane ! Tu n'es pas seule !!!" Crie-t-il à travers ses haut-parleurs, rendant à la Sorcière le peu de vaillance qu'elle avait perdue.

Ravalant sa salive, cette dernière entre dans la locomotive en courant, ordonnant à son dernier drone de m'attaquer.

Reste calme, Agatha ! Ils n'ont aucune chance !! Tu as encore toutes tes cartes en main !!!

Le Sablaireau change de priorité en me voyant en danger. Il utilise toute sa force mécanique afin de repousser la lame en bois de son adversaire avant de la contourner, se lançant sur la Sorcière, prête à la trancher sur place.

Le clone du Grand Maître halète en se retournant. Ses yeux s'écarquillant lorsqu'elle se rend compte qu'elle n'a pas la vitesse nécessaire pour stopper la bête d'acier.

Mais, une fois de plus, comme si cette fille était protégée par la Terre entière, quelque chose viens s'abattre sur le wagon. Le tranchant en deux, pile à l'endroit où se trouvait le Sablaireau.

Cette chose étant l'épée du Vyzard.

Nous tombons tous au sol sous le choc du coup. Plusieurs outils volant à travers la pièce également.

Comment est-ce possible...?!!!

CE SOLDAT N'A AUCUN PILOTE À SON BORD !!!

Un instant... où est passé le drone sphérique qui accompagnait Mewtwo et Samuel ?!

Le regard de ce fichu clone semble être rempli d'admiration pour son propre mecha, tandis que ceux de Samuel et de la Sorcière ont plus l'air choqués qu'autre chose.

Peu importe ! Je dois me relever !!!

CRACK—

M.. MON DOS !!!!!!

FICHUE VIEILLESSE !!!!!!!!!!!

Je n'ai plus aucune chance... Pour une raison que j'ignore, le Vyzard semble être doté d'une IA, lui aussi. Faisant qu'il peut agir sans sa pilote.

L'Eevolv tient tête aux Charming Leon qui sont dehors. Et la Sorcière ne tardera pas à prendre le contrôle du terminal.

Je peut d'ores et déjà faire un trait sur la plupart de mes projets, dont celui de surpasser Samuel en recréant un Soldat élémentaire supérieur au sien...

S'ils m'arrêtent maintenant, je ne pourrai plus jamais rien accomplir. Je mourrai en prison. Et le peu de personnes qui se souviendront de moi, penseront à la vieille peau qui a échoué dans chaque étape de sa vie.

...

Quitte à mourir...

...autant tous les emportés dans ma tombe.

Attrapant ma tablette au sol, je m'assure que cette dernière est toujours connectée au terminal. Enfin, je désactive le limiteur de tous les Charming Leon.

Samuel, qui est également au sol, à l'autre bout de la pièce, me fixe avec horreur en remarquant ce que je suis sur le point de faire.

"BORDEL DE MERDE ! ELLE VA TOUT LES FAIRE PETER !!!"

Un sourire maniaque se dessine sur mes lèvres.

Je doute que son Eevolv résiste à l'explosion d'une vingtaine de Soldats. Tous les autres iront se « suicider » sur la Sylphe SARL, emportant ces traîtres dans les flammes.

Enfin, les deux Leon présents à côté de nous devraient pouvoir tuer Mewtwo, Samuel et cette Sorcière dont l'univers s'acharne à protéger !

Oui...

C'est décidé...

C'EST AINSI QUE JE VAIS MOURIR !!!




















Agatha est faible. Ses Soldats le sont aussi. Son Feunard et son Sablaireau également.

Normalement, ceci est une bataille qu'on devrait remporter rapidement. Et proprement.

Pourtant, non seulement je peine à protéger les autres mais, en plus, je me rends peu à peu compte que cette histoire ne pourra se terminer sur une bonne note.

Personne ici n'a d'arme à feu. Morgane est paralysée par la peur. Et, de toute façon, je doute qu'elle soit capable d'envoyer son drone pour abattre Agatha.

Car oui, si nous ne faisons rien, l'Ancienne activera le module d'autodestruction de ses Soldats. Elle nous tuera, nous et plusieurs innocents.

Ce n'est qu'une question de secondes. Si nous échouons, ce sera la mort assurée. C'est pourquoi il n'y a pas d'autres options.

Il faut l'abattre.

Et je suis la seule capable de le faire. En demandant au Vyzard d'imiter mes mouvements, à distance.

Mes mains tremblent. Ma gorge se noue. Des flashs de la guerre, il y a deux ans, parcourent mon esprit.

Je n'ai pas le temps d'hésiter... JE DOIS LA TUER !!!

Levant mon bras en l'air, je force le Vyzard à faire de même. Enfin, je me prépare à le baisser de toutes mes forces afin d'écraser Agatha. Cependant, quelque chose brise la vitre du wagon, m'interrompant dans mon action.

Une épée brillante d'un métal indigo se plante dans la carotide de l'Ancienne, après avoir été propulsée depuis l'extérieur.

Le temps semble s'arrêter l'espace d'un instant à l'intérieur du wagon. La tablette glissant des doigts d'Agatha. L'option d'autodestruction toujours inactive.

Ses yeux grands ouverts se tournent en direction de la vitre brisée. Son sang giclant partout, autour d'elle.

"G..Gr...blhurr...!"

Sa bouche dégouline du même liquide rouge qui ne devrait sortir de son corps.

Tournant mon regard dans la même direction qu'elle, je vois une silhouette, seule, dans la rue. Elle s'approche du train en marchant calmement.

Il s'agit d'une personne en armure noire et violette.

Son apparence est étrange. Elle ne fait aucun sens, dans une ère où les armures ont été remplacées par des robots géants.

Mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus. En la voyant, une quantité folle de frissons n'ont cessés de parcourir mon corps. Comme si mes propres gènes me hurlaient quelque chose.

Je n'ai pas besoin de me poser de questions. Je le sais, au fond de moi. Cette personne...

...est le Grand Maître.


[Vert Feuille] Mechamon Iris - Page 8 Chapit83


Entrant dans le wagon, ses pas résonnent dans l'habitacle avec les bruits métalliques de son armure.

Il ne nous regarde pas. Traversant la pièce chaotique en nous ignorant, comme si nous étions insignifiants pour lui.

Enfin, il s'arrête en face d'Agatha, la fixant de haut, à travers son casque opaque.

"Qu'est-ce que tu pensais faire ?" Demande-t-il d'une voix tellement déformée par son armure qu'il est impossible de déterminer son sexe.

"H...Hrr...gg... J.. Jeehhrr..."

Évidemment, Agatha n'est pas en état de former une phrase pour répondre. Elle est trop occupée à se noyer dans son propre sang. Cependant, son regard est rempli d'un mélange malsain d'adoration et de peur à l'égard de son agresseur.

"Qu'est-ce que tu n'as pas compris lorsque j'ai dit que je la tuerai ?" Demande le Grand Maître d'une voix calme. Comme s'il attendait une réponse, malgré le fait qu'il soit responsable de l'état actuel de son interlocutrice.

Le professeur et Morgane se dépêchent de reculer au fond de la pièce, derrière moi. Ils ont compris que cette personne est beaucoup plus dangereuse que tout ce qu'ils ont rencontré dans leur vie.

Attrapant le poignet de son épée, le Grand Maître ajoute un dernier commentaire.

"Les humains sont tous les mêmes."

D'un coup sec, il retire sa lame de la chaire d'Agatha, la laissant tomber raide dans une flaque de sang.

Je ne respire plus. Mon corps est pétrifié sur place, au milieu du wagon. Je ne sais quoi dire.

La personne que je recherche est ici, en face de moi. Et pourtant, je suis terrifiée. J'ignore ce que je suis censé faire.

Le Grand Maître se tourne alors, me fixant silencieusement pendant une très longue minute.

Enfin, sans un mot de plus, il se remet à marcher, lentement, en direction de la sortie.

"A.. Attends !" J'arrive enfin à extraire les mots de ma gorge, interpellant la personne en armure.

Celle-ci s'arrête, un pied déjà posé à l'extérieur.

"Nous nous battrons une autre fois," dit-elle sans se retourner. "Aujourd'hui, je suis seulement venu vous rendre quelque chose."

"Nous... rendre quelque chose...?" Ma voix sort comme un soupir. Mon cœur menaçant de sortir de ma poitrine à chaque instant.

Mais elle ne répond pas. Son armure, son arme et son corps se liquéfient peu à peu, jusqu'à ne former qu'une sorte de slime rose qui finit par glisser dans une grille d'égouts.

Le professeur Chen se relève enfin, difficilement, avec l'aide de Morgane. Il s'approche de moi en se tenant le dos, douloureusement, jetant un regard au cadavre d'Agatha.

"Qu'est-ce que c'était que ça, encore...?"

Du côté de Morgane, cette dernière sursaute lorsqu'Azul lui demande, via la radio accrochée à sa robe, de se dépêcher de prendre le contrôle du terminal.

La jeune femme ravale sa salive en voyant qu'elle n'a d'autres choix que d'enjamber le corps gisant au sol, et de marcher dans la flaque de sang pour accéder à son objectif.

Pour ma part, le sentiment de malaise que j'avais face au Grand Maître n'a pas disparu. Au contraire. Maintenant, j'ai carrément la boule au ventre.

La raison étant ce que ce dernier a laissé derrière lui.

Son casque.

Marchant doucement en direction de ce dernier, je repense à quelque chose qu'Azul a souvent affirmé à propos des Mechamon Primitifs.

Que le liquide les constituants avait besoin d'un noyau afin de reproduire les corps des monstres qu'on a affrontés jusqu'à maintenant.

Je pose un genou au sol puis, avec des mains tremblantes et une douleur affreuse aux intestins, j'attrape le casque sur le sol.

Il est lourd...

Trop lourd...

Comme si quelque chose était—

Pouh—

Un objet glisse du casque avant de rencontrer le sol, à mes pieds, dans un bruit épais et glauque.

Mes yeux s'écarquillent peu à peu. Ma température corporelle chutant drastiquement alors que je vois l'objet en question.

"A.. AA..."

Il s'agit d'une tête.

"AAAH... HAAAA.... HAAAAAAAHHH..."





Celle de Green Chen.




"GYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !!!!"



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